Zurich (awp) - Le groupe technologique ABB est parvenu à améliorer sa marge opérationnelle au 2e trimestre, malgré une chute de près d'un tiers du bénéfice net. La performance en termes de rentabilité est à mettre au crédit essentiellement des économies de coûts. Applaudie par les analystes, elle a également été du goût des investisseurs.

Le bénéfice net réalisé par ABB entre avril et juin se monte de 406 mio USD, en recul de 31% en comparaison annuelle. Sur l'ensemble du 1er semestre, il est repassé sous la barre du milliard à 906 mio USD, en baisse de 21%, détaille la société zurichoise jeudi dans un communiqué.

Le chiffre d'affaires d'ABB s'est contracté de 5% en comparaison annuelle (-2% à périmètre constant) à 8,68 mrd USD et les entrées de commandes de 8% à 8,32 mrd. Le résultat d'exploitation (Ebita) en revanche s'est étoffé de 5% pour atteindre 1,11 mrd, pour une marge correspondante de 12,7%, en hausse de 100 points de base (pb).

Les recettes et les commandes se sont révélées nettement inférieures aux prévisions des analystes sollicités par AWP. La rentabilité en revanche a dépassé les pronostics établis à 1,06 mrd USD pour l'Ebita et 363 mio pour le bénéfice net.

ABB explique le recul de près d'un tiers du bénéfice net par des coûts de restructuration ou liés à celle-ci, qui ont grevé les résultats à hauteur de 367 mio USD.

Le directeur général (CEO) du groupe, Ulrich Spiesshofer, se félicite de la hausse de la marge Ebita et du flux de trésorerie opérationnel, qui a quasiment doublé sur un an (+80%) à 1,08 mrd CHF. "Nous améliorons notre structure de coûts et de capital et augmentons notre productivité", a-t-il déclaré dans le communiqué.

Le recul des entrées de commandes a affecté toutes les divisions d'ABB au second trimestre. Le plus marqué reste celui essuyé par l'unité Automation des processus (-22% à 1,37 mrd USD), que le groupe attribue à la baisse des investissements et à la retenue du secteur en matière de dépenses.

BAISSE GÉNÉRALISÉE DES RECETTES

La contraction du chiffre d'affaires a elle aussi été généralisée, quoique moins importante. La division Réseaux électriques, première source de revenus du groupe, affiche même une légère progression à périmètre constant, alors que la marge Ebita a progressé de 2,2 points de pourcentage à 9,0% grâce à la hausse des volumes et aux mesures de productivité et d'économies, indique ABB.

Au niveau de la marche des affaires par région, la demande européenne a été portée par les secteurs de la construction, les énergies renouvelables et les transports, mais s'est affaissée au Royaume-Uni à cause des incertitudes liées au Brexit.

Sur le continent américain, la baisse des grandes commandes a pesé sur les entrées d'ordres. Dans la région Asie, Moyen-Orient et Afrique (AMEA), la Chine, qui est avec l'Inde le principal moteur de croissance du groupe, continue d'investir massivement dans la construction et l'électrification de réseaux.

A court terme, la direction d'ABB s'attend à ce que les incertitudes persistent, même si les signaux macroéconomiques sont toujours positifs aux Etats-Unis et que la croissance en Chine semble se poursuivre, quoiqu'à un niveau inférieur à 2015.

CONTEXTE TOUJOURS DÉFAVORABLE

"Nous allons être encore confrontés à un environnement de marché défavorable", a prédit le CEO. Dans un contexte marqué par les incertitudes géopolitique, ABB devra "voler à vue". Le patron indique cependant vouloir conserver la dynamique dans les marchés où le groupe connaît la croissance, de manière à compenser l'actuelle faiblesse de l'industrie de traitement.

Il a dit s'attendre à ce que les activités dans les secteurs pétrolier, gazier et minier restent souffreteuses. Au chapitre des risques, il est revenu sur le vote britannique en faveur du Brexit, ainsi que les récents évènements en Turquie et en France.

Du côté des analystes, on pointe du doigt la faiblesse des entrées de commandes, même si celles de base se sont inscrites dans le cadre des attentes. L'amélioration de la marge Ebita en revanche a été unanimement applaudie. Les réductions de coûts ont sauvé la performance trimestrielle, estiment les spécialistes.

Deutsche Bank évoque une "solide mise en oeuvre" et s'attend à voir les estimations du consensus relevées de 2 à 3%. Kepler Cheuvreux pronostique une révision à la hausse de 3% à 4% et une poussée du cours de l'action dans les mêmes proportions.

La Banque cantonale de Zurich (ZKB) salue quant à elle un résultat "étonnamment robuste" sur le plan opérationnel, alors que Vontobel prédit même à ABB un sursaut en termes de rentabilité, pour peu que l'environnement de marché connaisse ne serait-ce qu'une infime embellie.

A la Bourse suisse, la nominative ABB a clôturé en hausse de 2,24% à 20,52 CHF alors que l'indice SMI des valeurs vedettes a terminé dans le rouge (-0,18%).

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