Zurich (awp) - Le groupe industriel ABB a bouclé le 2e trimestre 2017 sur des résultats mitigés. D'un côté, le bénéfice net a bondi de près d'un tiers, profitant d'effets de base, mais la rentabilité opérationnelle s'est dégradée et les perspectives restent incertaines. Les chiffres publiés jeudi, ainsi que l'attitude hésitante de la direction, n'ont pas été du goût des investisseurs.

Le bénéfice net est ressorti à 525 mio USD, en hausse de 29%, grâce notamment à la diminution des coûts de restructuration. Le bénéfice par action (BPA) non-dilué a bondi de 30% pour s'établir à 0,25 USD, précise ABB dans son communiqué.

Les entrées de commandes sont restées stables à 8,35 mrd USD. Le chiffre d'affaires a reculé de 3% sur un an à 8,45 mrd, même si hors effets de change, il a progressé de 1%. Le bénéfice opérationnel (Ebita) s'est contracté de 7% à 1,04 mrd, pour une marge correspondante de 12,4%, en recul de 0,5 point par rapport à 2016.

A l'exception des entrées de commandes, les chiffres semestriels publiés par ABB sont inférieurs aux pronostics des analystes consultés par AWP. Ces derniers anticipaient un chiffre d'affaires à 8,58 mrd, un Ebita opérationnel à 1,10 mrd et un bénéfice net de 597 mio.

Sur l'ensemble du 1er semestre, les entrées de commandes ont fléchi de 5% à 16,75 mrd USD et le chiffre d'affaires de 2% à 16,31 mrd. L'Ebita opérationnel repasse sous la barre des 2 mrd USD (-4%), pour une marge afférente de 12,3%, en recul de 0,2 point.

"Nous avons poursuivi notre cours de croissance de manière conséquente au deuxième trimestre. Grâce à nos mesures ciblées, nos entrées de commandes ont progressé dans l'ensemble des régions", s'est félicité le directeur général (CEO), Ulrich Spiesshofer, cité dans le communiqué.

NUMÉRIQUE ET ROBOTS EN VERVE

Le patron s'est montré particulièrement satisfait de la performance de l'offre numérique ABB Ability. "Elle commence vraiment à décoller et gagne en dynamique", a-t-il indiqué lors d'une téléconférence. Les activités de robotique ont également le vent en poupe: au cours du premier semestre, autant de robots ont été vendus que sur l'ensemble de l'année 2016.

Avec une poussée de 14% en rythme annuel, la division Robotique et entraînements est celle qui enregistre la plus forte croissance des entrées de commandes. Toutefois, la marge Ebita a reculé, en raison d'un mix produits défavorable, du prix des matières premières et de surcapacités. A cela s'ajoute la morosité dont souffrent actuellement les secteurs pétrolier, gazier et maritime, explique le patron d'ABB.

Afin de compenser l'érosion de la rentabilité opérationnelle, la direction a l'intention de s'atteler au problème et de prendre des nouvelles mesures de réduction des coûts, a assuré M. Spiesshofer. Par ailleurs, le groupe entend répercuter la hausse des prix des matières premières sur ses clients.

Cela ne veut pas pour autant dire qu'ABB va procéder à de nouveaux grands programmes d'économies. Il s'agit plus de mesures isolées et à court terme, a indiqué le directeur financier (CFO) Timo Ihamuotila.

FUTUR INCERTAIN

En raison des incertitudes géopolitiques, notamment celles liées au Brexit et de la transformation en cours, la direction s'attend à ce que l'exercice 2017 soit une "année de transition" pour le groupe.

A plus long terme, elle estime cependant que les perspectives de demande de la part des plus importants segments de la clientèle d'ABB - énergie, industrie, transports et infrastructures - sont soutenues par la transition énergétique et la "quatrième révolution industrielle".

"Je suis prudemment optimiste pour l'avenir", a affirmé le CEO, indiquant que les signaux positifs de plusieurs marchés à cycle précoce sont toujours présents.

La copie rendue par ABB a déçu à presque tous les niveaux, relève Deutsche Bank. La marge Ebita s'est avérée nettement inférieure aux attentes - alors que la barre avait déjà été abaissée de 40 pb en juin - et les prévisions sont "mitigées et incertaines".

UBS évoque un potentiel de révision à la baisse et rappelle que la surperformance en termes d'entrées de commandes est à mettre au crédit essentiellement d'une division. Selon la banque aux trois clés, ces commandes seraient de "moindre qualité".

La Banque cantonale de Zurich (ZKB) évoque un "nouveau trimestre marqué par une faible dynamique", en référence notamment au redressement moins prononcé que prévu des contrats de base.

Vontobel se montre plus clément et veut voir dans la hausse de 3% des commandes un tournant décisif et anticipe une amélioration de la rentabilité grâce à la réduction de la base de coûts.

A la Bourse, les investisseurs ont massivement boudé le titre, relégué aux tréfonds du classement des valeurs vedettes. A 14h30, la nominative ABB s'enfonçait de 2,3% à 23,34 CHF, alors que le SMI s'étoffait de 0,54%.

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