Zurich (awp) - ABB a détaillé mardi ses nouveaux objectifs stratégiques, comprenant le maintien et l'autonomisation de toutes ses unités, divers partenariats, un nouveau plan de rachat d'action ou encore le regroupement sous la marque ABB d'innombrables appellations de ses produits. La direction a relevé ses ambitions en matière d'économies à court et moyen terme.

La décision de conserver - en la transformant - la division Réseaux énergétiques contrecarre les souhaits d'un actionnaire de référence qui réclamait son externalisation. Cevian Capital, qui détient plus de 5% du conglomérat zurichois n'a pas caché sa déception et tient les dirigeants d'ABB pour seuls responsables de la sous-valorisation de l'action. Dans une prise de position, le fonds spéculatif suédois assure que le potentiel du titre est à 35 CHF et que la décision du groupe de conserver la division réseaux électriques est "malheureuse".

"S'il y a un point sur lequel nous sommes parfaitement d'accord avec Cevian, c'est qu'un statu quo pour Réseaux énergétiques ne constituait pas une option", a indiqué en téléconférence Ulrich Spiesshofer. Le lancement d'une coentreprise, une introduction en Bourse, une vente pure et simple ou encore une externalisation ont en revanche été envisagées puis écartées, a encore énuméré le patron d'ABB.

COLLABORATIONS ET RÉGIME EN VUE

Les remaniements prévus au sein de cette division comprennent notamment des partenariats avec l'américain Fluor dans le domaine des sous-stations, ainsi qu'avec le norvégien Aibel dans l'éolien au large. La cession des activités de production de câbles à l'allemand NKT Cables, pour une valeur d'entreprise de 836 mio EUR, doit être finalisée en début d'année prochaine. Cette unité représente des ventes de 524 mio USD, soit 5% du chiffre d'affaires de la division.

La direction prévoit encore de limiter l'exposition de la division en poursuivant la suppression d'activités de niche.

Réseaux énergétiques, tout comme les autres unités, Produits d'électrification, Robotique et entraînement et Automation industrielle devront gagner en autonomie. Les rémunérations des dirigeants seront en conséquence liées aux performances de leurs segments respectifs, a relevé M. Spiesshofer.

Le responsable a par ailleurs confirmé les objectifs financiers du groupe, à savoir une croissance annuelle des recettes de 3% à 6%, une progression moyenne du bénéfice opérationnel par action de 10% à 15%, un taux de conversion de 90% du bénéfice net en flux de trésorerie disponible et une marge brute (Ebita) de 11% à 16%.

Par division, la marge doit atteindre 15% à 19% dans les produits électriques, 14% à 19% dans la robotique et la transmission et 11% à 15% dans l'automatisation industrielle. Pour Réseaux énergétiques, la marge a été relevée entre 10 et 14% à l'horizon 2018, contre 8 à 12% précédemment.

Si la direction demeure concentrée sur la croissance organique, des acquisitions sont envisagées pour chacun des segments d'activités, a poursuivi le dirigeant.

OFFRE NUMÉRIQUE VERTICALE

Le mastodonte industriel entend tirer un meilleur parti du tournant numérique en lançant une nouvelle plateforme intégrée et trans-divisionnelle, baptisée Agility. L'offre sera hébergée par le serveur dématérialisé Azure de Microsoft et intégrera l'ensemble des 70 millions de dispositifs connectés et 70'000 systèmes de contrôles déjà installés par ABB. Guido Jouret a été désigné afin d'assumer le poste nouvellement créé de responsable numérique.

Sur le front des mesures d'économies, le potentiel 2016 du programme "White collar productivity" a été revu à la hausse à 550 mio USD, contre 400 mio précédemment. D'ici la fin de l'année prochaine, les estimations de réduction de coûts ont été étoffées de 30% à 1,3 mrd USD.

ABB prévoit encore le lancement l'année prochaine d'un nouveau plan de rachat d'actions, portant sur 3,0 mrd USD et qui doit s'étaler jusqu'en 2019.

Si les remaniements présentés n'ont pas fait le bonheur de Cevian et des actionnaires ayant repris ses revendications à leur compte, ils ont séduit les analystes. Goldman Sachs estime ainsi que les options choisies par la direction constituent une bonne décision prise au bon moment. L'établissement américain note toutefois que les ambitions de d'excédent opérationnel pour l'ensemble du groupe demeurent inchangées et estime "optimiste" l'objectif de croissance.

Le maintien de Réseaux énergétiques au sein du groupe ne surprend pas outre-mesure Vontobel, qui anticipe désormais une accélération marquée de la rentabilité moyennant un coup de pouce conjoncturel. Kepler Cheuvreux estime que les remaniements annoncés sont de nature à supporter quelque peu le cours du titre ABB.

A la Bourse, l'action ABB a fini en hausse de 1,36% à 22,28 CHF, dans un SMI en hausse de 0,79%.

jh/al