Paris (awp/afp) - L'hôtelier AccorHotels, qui franchi une étape clé dans son plan de transformation avec la cession de 55% de son pôle immobilier, va profiter de cette "longueur d'avance" pour poursuivre sa stratégie de croissance externe, tout en créant de la valeur pour ses actionnaires, selon des analystes du secteur.

Le numéro un européen de l'hôtellerie, qui avait annoncé son projet en 2016 et entendait le boucler à la mi-2017, a fini par parvenir à un accord sur la vente de 55% de son pôle immobilier pour 4,4 milliards d'euros.

Parmi les investisseurs figurent entre autres les fonds souverains saoudien Public Investment Fund (PIF) et singapourien GIC, les filiales d'assurance et de gestion d'actifs du Crédit Agricole - Crédit Agricole Assurances et Amundi - ainsi que le fonds immobilier américain Colony Northstar.

"En cédant ses murs d'hôtels, AccorHotels ne fait que suivre une tendance de fond amorcée par les grands acteurs du secteur tels que InterContinental, Marriott ou encore Hilton, qui ont mis en place ces dernières années des modèles dit +asset light+ (contrat de gestion, qui privilégie la non-propriété, NDLR)", constate un acteur du secteur souhaitant garder l'anonymat. Mais "il est certain que cet apport d'argent lui permet de prendre une longueur d'avance"..

Dès son arrivée à la tête du groupe en août 2013, le financier Sébastien Bazin avait souhaité le réorganiser autour de deux métiers, avec un pôle chargé de la gestion des hôtels (HotelServices) et un autre pour la propriété immobilière (HotelInvest).

- "Un serpent de mer" -

Le géant hôtelier indique vouloir utiliser les liquidités tirées de la cession de son pôle immobilier pour des opportunités d'acquisitions, ainsi que pour procéder à 1,35 milliard d'euros de rachats d'actions, soit 10% de la capitalisation boursière actuelle d'AccorHotels.

L'opération devrait permettre au groupe "de disposer de marges de manoeuvre importantes pour poursuivre sa stratégie" de croissance, ainsi que de "créer de la valeur pour ses actionnaires", a précisé Sébastien Bazin.

"Savoir ce que AccorHotels va faire de cet argent est assez simple: ils vont faire un rachat d'action pour 1,35 milliard d'euros, et il restera 1,5 milliard d'euros qui vont être utilisés pour renforcer les positions du groupe, avec des acquisitions ciblées dans l'hôtellerie par exemple", une fois remboursée la dette, résume Matthias Desmarais, analyste chez Oddo BHF.

Une autre source du secteur, souhaitant également garder l'anonymat évoque une "étape supplémentaire dans la souplesse capitalistique, donnant au groupe des opportunités extraordinaires, notamment sur l'investissement dans le numérique, véritable obsession pour M. Bazin qui ne veut pas passer à côté d'un nouveau Airbnb ou d'un nouveau Booking.com".

Pour se diversifier et mieux résister à la concurrence des plateformes de location entre particuliers et celle des grandes centrales de réservation en ligne, AccorHotels a multiplié les acquisitions depuis quatre ans.

Il a investi dans les plateformes de location de résidences de luxe (Onefinestay), la vente privée de voyages (VeryChic) ou la conciergerie (John Paul). Il s'est même diversifié dans l'événementiel - avec une part minoritaire dans Noctis, gérant d'emblématiques clubs parisiens comme Castel ou Raspoutine - et dans l'immobilier commercial avec Bouygues.

M. Desmarais évoque "une nouvelle phase, une nouvelle histoire pour le groupe", attendue cependant depuis longtemps. "Cette question de la cession du pôle immobilier est un vrai serpent de mer, qui avait déjà été évoquée à l'époque où Gilles Pélisson en était le PDG", rappelle l'analyste.

A la Bourse de Paris, le titre Accor, "qui a par ailleurs accompli une bonne performance récemment", a clôturé mercredi en recul de 1,35% à 47,50 euros. "On achète la rumeur et on vend le fait", a rappelé M. Desmarais.

afp/al