Le numéro un européen de l'hôtellerie, qui avait annoncé son projet en 2016 et entendait le boucler à la mi-2017, a fini par parvenir à un accord sur la vente de 55% de son pôle immobilier à un groupe d'investisseurs pour 4,4 milliards d'euros.

En cédant ses murs d'hôtels, le groupe se rapproche des modèles dit "asset light" de ses grands concurrents InterContinental ou Marriott.

Parmi les investisseurs, figurent notamment les fonds souverains saoudien Public Investment Fund (PIF) et singapourien GIC, les filiales d'assurance et de gestion d'actifs du Crédit Agricole - Crédit Agricole Assurances et Amundi - et le fonds immobilier américain Colony Northstar.

"Cette opération a été très difficile et très longue à mener", a reconnu le PDG d'AccorHotels, Sébastien Bazin, lors d'une conférence téléphonique.

AccorHotels se réserve la possibilité de céder encore des parts d'AccorInvest pour descendre jusqu'à 30% du capital de la société dans les cinq ans qui viennent.

Au-delà de cette date, il pourra totalement en sortir.

"AccorHotels n'a pas vocation, sur le long terme, à rester actionnaire d'AccorInvest", a précisé Sébastien Bazin, évoquant une possible mise en Bourse, à terme, de l'entreprise.

Dans la foulée, le groupe a annoncé qu'il procèderait à un rachat d'actions dans les deux ans qui viennent pour un montant de 1,35 milliard d'euros, représentant environ 10% de son capital.

"REMERCIER LES ACTIONNAIRES"

"AccorHotels se devait de remercier ses actionnaires pour leur confiance", a précisé le PDG.

Le groupe, qui a dégagé des résultats annuels record, avait laissé entendre que sa politique de dividende serait modifiée après cette cession pour s'aligne sur le modèle "asset light" de ses concurrents qui ont peu d'actifs immobiliers et sont susceptibles de verser "d'importants montants sous forme de dividendes exceptionnels".

Sébastien Bazin a également confirmé mardi que la stratégie d'acquisitions menée ces dernières années serait poursuivie, tout en veillant à ne pas dégrader la notation "investment grade" du groupe.

"L’entrée de ces nouveaux investisseurs et la déconsolidation d’AccorInvest vont permettre à AccorHotels de disposer de marges de manoeuvre importantes pour poursuivre sa stratégie offensive de croissance et d’innovation et créer de la valeur pour ses actionnaires", a-t-il dit.

De son côté, AccorInvest "va bénéficier du soutien de nouveaux actionnaires puissants et d’une structure financière renforcée pour dérouler sa feuille de route et poursuivre une consolidation dynamique de son portefeuille d’actifs".

L'opération s'est faite sur la base d'une valeur d'entreprise de 6,25 milliards d'euros, contre 6,6 milliards estimés par AccorHotels à la fin 2016.

Le niveau de participation de chaque investisseur, comme le niveau de dette portée par la société n'ont pas été rendus publics.

Les investisseurs ont pris des engagements fermes et AccorHotels leur a octroyé une exclusivité, dans l’attente de la consultation des instances représentatives du personnel.

L'opération, soumise à l’approbation de certaines autorités réglementaires et de la concurrence, fera l’objet d’une consultation des actionnaires d’AccorHotels et devrait être finalisée au cours du deuxième trimestre 2018.

AccorInvest sera alors intégrée par mise en équivalence dans les comptes consolidés d’AccorHotels.

(Pascale Denis, édité par Gwenaëlle Barzic)

par Pascale Denis

Valeurs citées dans l'article : Accor, Crédit Agricole, Amundi