"Quels commentaires vous inspirent les résultats annuels 2011 d’Aéroports de Paris ?
En 2011, nous avons connu un trafic record avec 88,1 millions de passagers, soit une hausse de 5,7%. Le chiffre d’affaires a une croissance modérée (+0,9%). Nous avons enregistré une bonne augmentation des revenus de notre cœur de métier (aéronautique +3,8%, commerces et services +5,1%). Au sein du segment commerces et services, les revenus des boutiques en zone réservée ont crû de 13,7%, grâce au trafic mais aussi à une nouvelle progression du chiffre d’affaires par passager.
En revanche, la hausse modérée de notre chiffre d’affaires global s’explique par des effets de périmètre pour l’essentiel, liés à la cession de la filiale Masternaut qui génère une baisse de 45 millions d’euros de chiffre d’affaires.
Dans ce contexte, nos marges brutes et opérationnelles progressent de façon très dynamique. Nos charges courantes sont stables (-0,3%), ce qui nous permet d’avoir un Ebitda qui progresse de 5,5%.

Concernant vos perspectives pour 2012, vous évoquez 'une croissance modérée du trafic passagers, du chiffre d'affaires et de l'EBITDA en 2012'. Quelle tendance attendez-vous concernant le trafic aérien mondial pour cette année ?
Sur la base des hypothèses économiques telles qu’elles sont actuellement, nous attendons tous un trafic aérien mondial en croissance pour 2012. S’agissant d’Aéroports de Paris, nous attendons une croissance modérée, prenant en compte les perspectives de croissance connues à ce jour en Europe. Cette prévision est cohérente avec les annonces d’Air France qui prévoit une très légère croissance cet été de son offre de trafic. Les compagnies du Moyen-Orient, les low-cost, ou les compagnies asiatiques ont annoncé des perspectives de croissance.

Craigniez-vous que le trafic international reste perturbé (Moyen-Orient, Afrique) par les évènements politiques cette année ?
Dans ces zones, le contexte des évènements politiques dans certains pays n'est pas favorable au trafic aérien. Néanmoins, on se rend compte que l’impact négatif de la situation s’atténue progressivement dans le temps. Je pense par exemple à la Tunisie. Au printemps 2011 il y avait un impact assez fort sur le trafic, alors qu’au dernier trimestre de l’an dernier cet impact est resté négatif mais moindre qu’au printemps.

Quelles perspectives pour l’activité de fret en 2012 ?
A partir du mois de mai ou juin 2011, la tendance pour l’activité de fret a connu une inflexion avec un impact de l’évolution de la conjoncture économique. En effet, sur les premiers mois de l’année dernière, cette activité avait affiché une progression. Au total en 2011, le trafic de fret a enregistré une légère baisse. Pour 2012, il est difficile de donner une indication car c’est très lié à la conjoncture. L’impact direct sur notre activité est beaucoup plus limité que l’enjeu que représente le trafic passagers.

Pouvons-nous évoquer vos perspectives et objectifs à plus long terme ?
A horizon 2015, nous prévoyons une croissance cumulée de l’Ebitda du groupe de 40% par rapport à 2009. Sur 2010-2015, nous tablons sur une croissance annuelle moyenne du trafic de 3,2%. Autre point important, concernant le développement de nos revenus commerciaux, nous avons un objectif de 17,4 euros par passager à échéance de 2015. En 2011, nous avons atteint 15,1 euros, alors qu’en 2006 nous en étions à 9,8 euros.

Envisagez-vous de réaliser de nouvelles acquisitions cette année ?
A l’international, notre stratégie est de rechercher des compléments de développement, en privilégiant des aéroports avec des perspectives de forte croissance et les pays de l’OCDE et certains des BRIC. De fait, le groupe TAV correspond à ces critères et nous avons manifesté un intérêt pour ce projet. A ce stade préliminaire, il n’y a aucune certitude que les discussions aboutissent à un accord.
Nous avons regardé d’autres dossiers, notamment un processus qui avait été ouvert en Espagne puis le gouvernement espagnol l’a interrompu. Nous avons aussi participé à un processus au Brésil récemment mais qui n’a pas été couronné de succès. D’autre part, nous avons déposé une offre pour la gestion de l’aéroport de Zagreb qui est en cours d’examen par le gouvernement local.

Quels sont les grands projets prévus pour 2012 pour améliorer les aéroports d’ADP ?
Pour cette année, il y a deux projets majeurs : l’ouverture du satellite 4 qui est un élément du hub d’Air France, et la jonction entre les terminaux 2A et 2C de Roissy. Ces deux projets représentent un enjeu important en termes d’efficacité opérationnelle, pour la fluidité des flux de passagers, mais aussi en termes de qualité de service pour les passagers. C’est aussi l’occasion d’ouvrir des zones commerciales, avec des walk-through ainsi qu’une offre haut de gamme.
Globalement, sur les activités régulées, nous prévoyons un volume d’investissement de 480 millions d’euros en 2012. Nous sommes en phase haute du cycle d’investissement, puis progressivement le volume va être réduit jusqu’à 300 millions d’euros en 2015, permettant de dégager des cash flow libres positifs assez substantiels à partir de 2013.

Comment s’organisent vos relations avec les compagnies aériennes ? Font-elles l’objet de négociations chaque année (tarifs) ?
Pour la fixation des tarifs, il existe une réglementation fonctionnant sur des règles économiques avec des principes de rémunération fondés sur une rentabilité sur le périmètre régulé cohérent avec le coût moyen pondéré du capital.
Dans ce cadre, des contrats sont passés sur des périodes de 5 ans avec le régulateur qui nous donne une visibilité économique importante. Sur la période 2011-2015, le contrat a donné lieu à tout un processus de préparation et de concertation avec les compagnies aériennes. La mise en œuvre annuelle du contrat donne aussi lieu à des échanges pour s’organiser avec les compagnies aériennes.
Nous avons décidé d’augmenter les tarifs en 2012 de 3,4%, tandis que le maximum autorisé par le contrat de régulation était de 4%, et le processus s’est très bien passé avec les compagnies aériennes.
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