Berlin (awp/afp) - La compagnie du Golfe Etihad a rompu les négociations en vue de créer une coentreprise dans les vols touristiques avec le groupe de tourisme allemand TUI, un rebondissement qui rend le sort de la compagnie Air Berlin encore plus incertain.

Etihad et TUI "ne poursuivront pas leurs négociations sur la coentreprise prévue entre TUIfly et Niki", qui devaient former une compagnie aérienne européenne consacrée aux destinations de vacances, a indiqué TUI dans un bref communiqué.

TUIfly est une compagnie allemande, filiale de TUI, tandis que Niki est une compagnie autrichienne, filiale de l'allemande Air Berlin, société en grande difficulté elle-même détenue à 29,2% par Etihad.

Selon un courrier interne adressé par TUI à ses salariés et dont l'AFP a eu connaissance, la fin des discussions est due au changement de stratégie d'Etihad, qui "ne veut plus détacher Niki d'Air Berlin".

Les parts d'Air Berlin dans Niki devaient en effet être cédées à Etihad et regroupées dans une coentreprise entre la compagnie d'Abou Dhabi et TUIfly.

La structure devait être détenue à 24,8% par TUI, 25% par Etihad et 50,2% par la fondation Niki, être basée à Vienne et disposer d'une flotte d'environ 60 avions, en vertu d'un accord conclu fin 2016 et s'intégrant dans la profonde restructuration d'Air Berlin.

Le groupe émirati a confirmé dans un communiqué la rupture des négociations, une décision intervenue "après de nombreux mois de négociation, en toute bonne foi, durant lesquels les parties ont été incapables d'arriver à un accord sur la nature finale d'une telle coentreprise".

Etihad précise que les vols touristiques d'Air Berlin desservant les stations balnéaires, et récemment transférés à Niki, continueront d'opérer sous la marque Niki. "Les détails ultérieurs sur cette structure seront annoncés en temps voulu par Air Berlin", indique le groupe.

"Etihad poursuit visiblement de nouveaux projets concernant ses investissements en Europe, en particulier dans Alitalia et Air Berlin", explique TUI dans son courrier interne.

Son responsable pour l'Europe centrale, Sebastian Ebel, juge dans le communiqué qu'une "compagnie aérienne de tourisme européenne forte continue de faire tout à fait sens, car le transport aérien en Allemagne est marqué par les surcapacités".

SECTEUR EN DIFFICULTÉ

Cet arrêt soudain des discussions entre TUI et Etihad s'inscrit dans un paysage du transport aérien en plein bouleversement.

Air Berlin, numéro deux allemand de l'aérien derrière le puissant groupe Lufthansa, est en difficulté chronique depuis des années et sa situation va de mal en pis, avec une perte record en 2016 et des annulations de vols à répétition ces derniers mois.

L'italienne Alitalia, autre participation dans l'escarcelle d'Etihad, qui en détient 49%, a elle été placée sous tutelle début mai en raison de ses grandes difficultés.

Depuis des mois, la presse allemande estime qu'Etihad pourrait se lasser d'avoir à éponger les dettes d'Air Berlin et céder ses parts à Lufthansa, des informations que les deux groupes n'ont jusqu'ici jamais confirmées.

Lufthansa s'est montré disposé à approfondir sa coopération avec Air Berlin, dont il utilise déjà des avions et des équipages, mais en posant plusieurs conditions: une baisse des coûts de fonctionnement d'Air Berlin, une reprise de l'importante dette de cette dernière par Etihad et le feu vert des autorités de la concurrence.

Nouveau signe de la crise traversée par Air Berlin, cette dernière a indiqué en fin d'après-midi avoir fait une demande pour évaluer la possibilité de recevoir une garantie publique auprès des Etats régionaux de Berlin et de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, confirmant ainsi des informations du journal Die Welt.

Selon des sources proches du dossier citées par le quotidien, une issue positive à cette demande d'examen n'entraînerait pas automatiquement l'octroi d'une garantie publique.

afp/buc