"Seule Lufthansa participera aux discussions dans un premier temps", a dit Christine Behle, qui représente le syndicat Verdi au conseil de surveillance de la compagnie. "D'après ce que je sais, les autres candidats seront conviés à des discussions ultérieurement et c'est à ce moment-là qu'un plan global sera élaboré."

Elle a également déclaré à Reuters que les négociations débuteraient ce vendredi et qu'elle s'attendait à les voir se poursuivre pendant le week-end.

Air Berlin, deuxième compagnie aérienne d'Allemagne, a annoncé mardi son dépôt de bilan, son premier actionnaire, la compagnie d'Abou Dhabi Etihad Airways, lui ayant refusé un nouveau soutien financier.

Le gouvernement allemand lui a accordé un prêt relais de 150 millions d'euros, censé permettre la poursuite pendant trois mois des activités de la compagnie, qui emploie environ 7.200 personnes en Allemagne.

Les parties prenantes ont donc jusqu'à la mi-novembre au plus tard pour assurer une reprise de la plus grande partie possible de la flotte et du personnel d'Air Berlin et obtenir l'aval des autorités de la concurrence.

Le ministre des Transports, Alexander Dobrindt, a apporté jeudi un soutien sans ambiguïté à Lufthansa.

"Il nous faut un champion national dans l'aviation internationale", a-t-il expliqué dans un entretien accordé au quotidien régional Rheinische Post, ajoutant que "c'est la raison pour laquelle il est urgent que Lufthansa puisse reprendre des parts importantes d'Air Berlin".

AVIONS ET CRÉNEAUX HORAIRES AU COEUR DES DISCUSSIONS

Selon deux sources proches du dossier, Lufthansa étudie la possibilité de reprendre la majorité de la flotte d'Air Berlin.

Au-delà des avions, la faillite d'Air Berlin offre l'opportunité à Lufthansa et à ses concurrentes d'acquérir des créneaux horaires sur des aéroports comme celui de Düsseldorf. La première compagnie aérienne allemande y voit l'occasion de renforcer sa position sur son marché intérieur, notamment face à Ryanair.

Le groupe irlandais a d'ailleurs déposé plainte auprès des autorités de la concurrence allemandes et européennes pour contester la procédure de dépôt de bilan d'Air Berlin, jugeant que la faillite de la compagnie avait été organisée pour favoriser Lufthansa.

L'un des scénarios présentés par le président du directoire de Lufthansa, Carsten Spohr, vise à racheter jusqu'à 90 des quelque 140 appareils d'Air Berlin, a indiqué une des sources.

Ce chiffre inclut les 38 avions que Lufthansa loue déjà à Air Berlin, et tous les avions exploités par sa filiale Niki.

"Ce sont des points que Lufthansa va évoquer lors des négociations", a dit la source, ajoutant que rien n'avait encore été décidé et que la décision finale appartiendrait à l'administrateur judiciaire d'Air Berlin.

L'autre source a estimé que le nombre d'avions repris par Lufthansa pourrait être inférieur à 90.

De son côté, Air Berlin a dit discuter avec trois entreprises du secteur de l'aviation et espérer conclure des accords avec au moins deux d'entre elles d'ici la fin septembre.

RedaktionsNetzwerk Deutschland (RND), un organisme représentant la presse allemande, citant des sources gouvernementales, a rapporté que Lufthansa, sa filiale à bas coûts Eurowings et Condor, compagnie aérienne du voyagiste Thomas Cook, récupéreraient les créneaux les plus intéressants d'Air Berlin.

Une source a également dit qu'easyJet participait aux négociations. Selon RND, quelques créneaux pourraient revenir à Ryanair.

(Avec Sabine Wollrab, Wilfrid Exbrayat, Claude Chendjou et Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français, édité par Juliette Rouillon et Marc Angrand)

par Victoria Bryan et Maria Sheahan