L'avionneur européen s'est dit en phase avec ses objectifs de production pour l'A350, un nouveau long-courrier destiné à concurrencer les bimoteurs 787 et 777 de Boeing.

La livraison de ce premier A350 est intervenue au siège d'Airbus à Toulouse avec dix jours de retard, Qatar Airways ayant invoqué des problèmes de dernière minute avec l'un des fournisseurs d'équipements.

L'arrivée de l'A350, développé pour un coût de 11 milliards d'euros, coïncide avec la baisse des ventes de quadrimoteurs comme le Boeing 747 et l'A380, le plus gros avion du monde avec 525 sièges.

Le directeur financier d'Airbus Group, Harald Wilhelm, avait inquiété le marché en laissant supposer que le programme pourrait être abandonné, lors d'un forum d'investisseurs à Londres le 10 décembre.

Le marché est orienté vers les grands avions et l'idée même qu'Airbus ou sa maison-mère Airbus Group puissent abandonner le programme de l'A380 est insensée, a souligné lundi le président exécutif de l'avionneur européen, Fabrice Brégier.

LA FIERTÉ DE LOUIS GALLOIS

Airbus livrera comme prévu 30 A380 cette année avec en ligne de mire l'objectif d'équilibre financier du programme en 2015.

"En 2015, 2016 et 2017, notre carnet de commandes est largement rempli et les réservations sont quasiment complètes pour une production de près de 30 avions par an", a souligné Fabrice Brégier.

"Après tous les efforts que nous avons faits (...), nous continuerons et un jour nous étudierons des améliorations de l'avion", a-t-il poursuivi, soulignant qu'une remotorisation de l'A380 était envisageable, tout comme, à plus long terme, une version allongée.

Le directeur général de Qatar Airways, Akbar al Baker, qui réceptionne également cette semaine le quatrième A380 de la compagnie du Golfe en plus du premier A350, s'est déclaré satisfait des performances du très gros-porteur et a souligné qu'il n'avait pas de conseil à donner à Airbus sur une éventuelle modernisation de l'appareil.

Louis Gallois, actuel président du conseil de surveillance de PSA, avait donné le coup d'envoi du programme A350 XWB en 2006, alors qu'il venait d'être nommé coprésident d'EADS, devenu Airbus Group, au moment où le groupe était empêtré dans les retards de l'A380.

"C'est le plus bel avion volant. C'est maintenant à Boeing de cavaler derrière", a dit à des journalistes celui qui a ensuite dirigé Airbus, puis EADS jusqu'en 2012. "Je suis très fier car j'ai été celui qui a négocié le premier contrat".

Le Premier ministre Manuel Valls a lui aussi salué cette première livraison. "La France et l'Europe à la conquête de marchés à l'export !", s'est-il exclamé dans un tweet.

Airbus et Boeing sont les seuls fournisseurs mondiaux d'avions gros porteurs, finançant leur développement par la production record des monocouloirs Boeing 737 et Airbus A320 destinés, eux, aux vols court- et moyen-courriers.

L'annonce d'une commande de 60 Boeing 737 pour un total évalué à six milliards de dollars par Air China est d'ailleurs intervenue pendant la cérémonie de livraison du premier A350.

(Avec Cyril Altmeyer et Elizabeth Pineau à Paris, édité par Jean-Michel Bélot)

par Tim Hepher et Johanna Decorse