* Valls poursuit sa tournée des capitales européennes à La Haye

* Il plaidera la cause des réformes structurelles françaises

* Critiques aux Pays-Bas contre les déficits français

par Julien Ponthus

PARIS, 31 octobre (Reuters) - Manuel Valls devrait savourer vendredi à la Haye la victoire politique que constitue la validation temporaire de son budget 2015 par la Commission européenne, malgré les critiques des Pays-Bas, pays adepte de l'orthodoxie comme l'Allemagne.

Début octobre à Washington, le ministre néerlandais des Finances et président de l'Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem déclarait à Reuters que la France était "loin de l'objectif" concernant son déficit budgétaire et qu'elle se devait de mettre en oeuvre des réformes structurelles plus ambitieuses.

Mais la Commission européenne a provisoirement validé mardi le projet de budget 2015 présenté par la France, en dépit d'un déficit prévu à 4,3% du produit intérieur brut (PIB), dépassant nettement l'engagement de 3%.

Pour autant, l'entourage de Manuel Valls assure que le chef du gouvernement ne se rend pas chez son homologue Mark Rutte dans un état d'esprit vindicatif mais pour réitérer l'engagement en faveur des entreprises de son gouvernement.

Après Milan, Madrid, Berlin et Londres, le Premier ministre français poursuit donc aux Pays-Bas sa tournée des capitales européennes, décidé à tordre le coup aux "clichés et caricatures" dépeignant une France incapable de se réformer.

Chaque déplacement européen de Manuel Valls a été l'occasion pour lui décliner son désormais célèbre "J'aime l'entreprise" lancé en août dernier lors de l'université d'été du Medef.

BESOIN D'EXPLICATION

"Notre politique de réformes a besoin d'être expliquée, il y a des interrogations, des doutes, des critiques sur la situation de la France, on l'a vu", explique un conseiller qui confie que Manuel Valls lit quotidiennement les synthèses de la presse européenne que lui fournissent ses services.

Manuel Valls devrait notamment plaider le fait que si la France n'a pas augmenté de nouveau les impôts pour faire face à des recettes fiscales en berne, elle entend réaliser 50 milliards d'euros d'économies d'ici 2017.

"C'est le marqueur de sa crédibilité", souligne-t-on dans son entourage, où l'on se dit conscient du travail de pédagogie à engager pour convaincre les partenaires de Paris.

La grève des pilotes d'Air France il y a un mois a aussi été très sévèrement jugée aux Pays-Bas, berceau de KLM, racheté en 2004 par le groupe français.

"Il tiendra à expliquer son rôle", assure un conseiller du Premier ministre, qui a eu des mots très durs contre les pilotes et les a accusés de prendre leur entreprise en otage.

Manuel Valls entend aussi convaincre les Pays-Bas de lever leurs réserves sur le plan de relance de 300 milliards d'euros préparé par le président de la Commission, Jean-Claude Juncker.

Membre fondateur de l'Union européenne, au même titre que la France, les Pays-Bas restent un partenaire incontournable qui assumera la présidence de l'UE au premier semestre 2016.

François Hollande y a déjà présenté en janvier son pacte de responsabilité et a notamment tenté d'en finir avec la perception que les deux pays appartiennent à des camps antagonistes au sein de l'Union européenne en matière de politique économique ou de libéralisation. (Edité par Yves Clarisse)