(Répétition coquille)

* Contrôles mêlant biométrie et analyse des passeports

* Des profileurs derrière les caméras de surveillance

* Créer des aléas pour les terroristes potentiels

* Les queues aux portiques traditionnels créent des cibles

* La SNCF multiplie les expérimentations

par Cyril Altmeyer

PARIS, 30 mai (Reuters) - Multiplier les caméras de surveillance et les portiques ne suffit pas : dans les gares et les aéroports, où il faut avoir des yeux partout, les contrôles virtuels vont se multiplier, alliant technologies de pointe et profileurs, estiment des responsables de la sécurité.

Les portiques virtuels, utilisant notamment la biométrie et l'analyse en temps réel des passeports, permettront à terme de renforcer la sécurité, a déclaré à Reuters Augustin de Romanet, le PDG de Groupe ADP, exploitant des aéroports de Roissy et d'Orly.

"Vous aurez des caméras qui vous verront à l'entrée de l'aéroport et regarderont si votre visage est fiché", explique-t-il.

Objets d'un éphémère débat à l'issue de l'attentat du 22 mars à l'aéroport de Bruxelles, les portiques traditionnels n'ont pas leur place à l'entrée des aérogares, estime-t-il.

"Il ne faut pas créer de file d'attente dans les zones publiques pour ne pas donner des cibles aux terroristes", souligne Augustin de Romanet.

Dans le cadre des portiques virtuels, le PNR (Passenger name record), finalement adopté mi-avril par le Parlement européen et déjà utilisé aux Etats-Unis, sera une source cruciale de renseignement sur le passager dès la commande du billet d'avion.

Une fouille plus détaillée de tout individu figurant dans une "watch list" pourrait ainsi être déclenchée afin de lutter contre le retour en Europe de djihadistes.

INTÉGRER LES EQUIPEMENTS PLUTÔT QUE LES MULTIPLIER

La clé, c'est non seulement de combiner divers types de caméras, mobiles ou pas, des petits radars, des portiques et des badges, mais surtout de bien intégrer tous ces équipements, explique Marc Darmon, directeur général adjoint de Thales chargé des systèmes de défense et sécurité.

"Comment choisir parmi ce que l'on voit ? Ce n'est pas la peine d'avoir des centaines de caméras si on n'a pas un système intelligent pour le suivre", souligne-t-il.

Distinguer un évènement anormal - un passager qui ne se trouve pas dans la salle d'embarquement correspondant à son billet par exemple - permet de déclencher une intervention si nécessaire.

Et plus le criblage sera efficace, mieux les libertés individuelles seront respectées, estime un responsable de la sécurité.

"Eviter de mettre des gens à Guantanamo juste parce qu'il a un nom qui ressemble à un autre, on doit pouvoir faire mieux", juge-t-il.

La SNCF, gérant un dense réseau de gares encore plus complexes à sécuriser que des aéroports, multiplie les mesures additionnelles et les expérimentations que le PDG de Groupe ADP dit suivre de très près.

L'entreprise teste différents logiciels intelligents qui analysent en temps réel ou en différé les images provenant des quelque 40.000 caméras dont elle est propriétaire.

"Nous devrions donc pouvoir nous doter de ces logiciels, les généraliser et faire savoir à nos clients que ces outils fonctionnent à leur service pour leur sécurité et leur sérénité", explique son secrétaire général Stéphane Volant.

CRÉER DES ALÉAS

La SNCF va recruter une vingtaine de profileurs parmi les agents de la police ferroviaire pour déceler des "signaux faibles", des comportements suspects et les analyser en direct pour décider d'une éventuelle intervention.

L'objectif majeur de ces dispositifs est de créer un maximum d'aléas pour les terroristes potentiels, le plus souvent fébriles au moment de passer à l'acte, expliquent les responsables de la sécurité.

"Il y a une espèce de course contre la montre. Plus vous rendez difficile les choses aux terroristes, plus vous leur compliquez la tâche, plus ils vont devoir trouver des parades et plus ils risquent de s'exposer et avoir un comportement suspect", explique l'un d'entre eux.

Des portiques mobiles pourraient être utilisés de façon extrêmement souple (à certaines heures, sur certains quais, dans certaines gares) en fonction des analyses faites de la menace et des flux de clients prévisibles, explique Stéphane Volant.

Parallèlement, depuis la mi-janvier à l'entrée des quais de la gare Montparnasse et la gare de Marseille Saint-Charles, la SNCF expérimente des portiques de contrôle des billets auxquels des dispositifs de détection des explosifs et des armes pourraient être ajoutés.

La SNCF, qui consacre chaque année plus de 400 millions à la sûreté, expérimente aussi depuis plusieurs mois un appareil appelé Itemizer qui permet de détecter la présence de traces d'explosifs sur les bagages abandonnés.

D'ici la mi-juin, à temps pour le début de l'Euro de football en France, une trentaine de chiens renifleurs seront en outre déployés pour détecter les explosifs et permettre de facto une multiplication des contrôles, précise aussi la SNCF. (Edité par Yves Clarisse)

Valeurs citées dans l'article : ADP, Air France-KLM