Le groupe aérien franco-néerlandais accuse l'une des plus fortes baisses du SBF 120, reculant de 5,42% à 10,12 euros à 11h31 après avoir touché un creux de près de neuf mois à 9,90 euros.

Air France-KLM a fait état d'un résultat opérationnel de 1,488 milliard d’euros pour 2017, en hausse de 41,8% mais légèrement en dessous du consensus de 1,53 milliard qu'il avait lui-même fait réaliser.

Le consensus BofA Merrill Lynch tablait sur un chiffre encore plus faible à 1,519 milliard d'euros.

La compagnie a en outre fait état d'une perte nette de 274 millions d'euros en raison d'une charge de 1,429 milliard liée à la décomptabilisation ("de-risking") de deux fonds de retraite de pilotes et personnels de cabine de KLM.

Comme les autres grandes compagnies aériennes, Air France-KLM a bénéficié l'an dernier de la baisse des cours du pétrole, qui a diminué sa facture de carburant de 90 millions d’euros par rapport à 2016, et d'un marché des voyages croissant auquel se sont ajoutées les faillites des compagnies Monarch et Air Berlin qui ont allégé la concurrence.

Le groupe a aussi profité de la reprise de la demande d'Asie et d'Amérique latine et prévoit d'augmenter cette année sa capacité de 3% à 4% en sièges-kilomètres offerts pour le principal réseau (réseau Passage) afin de suivre la croissance du marché, et de 6% à 7% pour sa filiale low cost Transavia.

LES COÛTS UNITAIRES STABLES

Les résultats de 2017 ont été soutenus par l'environnement économique porteur et la stabilité des coûts unitaires (+0,1% en 2017), a indiqué le directeur financier Frédéric Gagey, lors d'une conférence téléphonique.

Les analystes de Liberum jugent néanmoins cette stabilité des coûts unitaires "légèrement décevante", alors qu'Air France-KLM avait, au début de l'an dernier, tablé sur une réduction de ses coûts unitaires de 1% à 1,5%. En novembre dernier, à l'occasion de ses résultats du troisième trimestre, le groupe avait émis des réserves sur la réalisation de cet objectif.

Il vise pour cette année une réduction des coûts unitaires de 1,0% à 1,5% hors impact des changes, du carburant et des charges de retraite.

Les analystes de BofA Merill Lynch, toujours à "sous-performance", jugent ces prévisions trop optimistes: "bien que n'étant pas totalement inattendu, nous pensons que ces chiffres seront remis en question à la lumière des deux derniers trimestres décevants".

Au premier trimestre 2018, le groupe attend des recettes unitaires positives (à changes constants) par rapport à 2017.

Mais là encore, BofA Merrill Lynch estime que ses prévisions ne sont le résultats que d'un effet calendaire positif, grâce aux vacances de Pâques, qui occulte la détérioration sous-jacente de la recette unitaire par siège-kilomètre offert (SKO).

Pour les trois premiers mois de l'année, l'intermédiaire table sur une progression de 2% à change constant de la recette unitaire par SKO.

LA MARGE D'EXPLOITATION JUGÉE "PAUVRE"

Les analystes de Liberum sont déçus également par la marge d'exploitation de 5,8% sur l'année 2017, qu'il juge "pauvre au regard des marges à deux chiffres que réalisent le groupe IAG et les transporteurs à bas coûts".

Frédéric Gagey a précisé que les réservations sur les vols long-courriers étaient en hausse d'un point de pourcentage pour février et de quatre points pour mars, en repli d'un point en avril à cause de Pâques et en hausse de deux points pour mai.

Les analystes s'attendent à ce qu'Air France-KLM soit cette année sous la pression d'un coût accru du carburant et du développement de ses concurrents low cost.

Air France-KLM a dit tabler sur une augmentation de sa facture de carburant de 150 millions d’euros cette année, ce qui la porterait à 4,66 milliards d'euros.

"Le consensus projetait une hausse de la facture de carburant de 200 millions d'euros", précise BofA dans sa note. L'intermédiaire prévoit un résultat d'exploitation à 1,295 milliard d'euros, contre un consensus actuellement à 1,6 milliard d'euros.

"L'année 2018 sera probablement marquée par une dynamique difficile pour les bénéfices d'Air France-KLM en raison de la pression que risque d'exercer sur le consensus la hausse des prix du carburant et la baisse des tarifs", écrivent les analystes de la banque américaine.

La pression pourrait aussi se faire sentir sur les coûts du travail, avec des syndicats qui appellent à la grève le 22 février pour réclamer 6% d'augmentation des salaires.

Pour la France, Frédéric Gagey a évoqué la pression liée à la mise en service cet été des deux nouvelles lignes à grande vitesse qui mettent Paris à 1h25 de Rennes et à 2h04 de Bordeaux, ainsi que le développement des acteurs low cost sur les liaisons de province à province.

"Evidemment, on est quand même touchés par les effets du TGV sur Bordeaux et sur la Bretagne, ce qui a un impact sur la recette unitaire", a-t-il dit.

En Bourse, l'action Air France-KLM a clôturé à 10,70 euros jeudi, un niveau qui fait ressortir une capitalisation boursière de près de 4,6 milliards d'euros. Le titre perd plus de 25% depuis début janvier après un bond de 162,47% l'an dernier.

(Victoria Bryan, avec Dominique Rodriguez et Laetitita VolgaÉdité par Wilfrid Exbrayat et Patrick Vignal)