Le groupe franco-néerlandais, qui imite ainsi l'allemande Lufthansa, fait face à la fois à une concurrence exarcerbée des compagnies du Golfe et des "low cost" européennes et à la désaffection de la destination France depuis les attentats, ce qui a pesé sur ses performances du groupe sur neuf mois.

Après des années noires pour le groupe, le marché veut croire que "Trust together", le plan stratégique du nouveau PDG Jean-Marc Janaillac présenté jeudi, permettra de sortir de l'ornière.

Vers 11h00; le titre Air France-KLM (+2,25% à 5,552 euros), se plaçant dans le peloton de tête de l'indice SBF 120 (+0,27%) après avoir ouvert en forte baisse.

"Air France-KLM semble prêt à rejoindre le club des compagnies qui réduisent leurs coûts unitaires par la croissance, juste au moment où les coûts de carburants semblent augmenter", explique RBC Capital dans une note.

Il reste à voir si l'enthousiasme du marché sera durable, les analystes soulignant les défis qui attendent un groupe très endetté et craignant qu'il privilégie la croissance au détriment des économies.

"Il n’y a pas grand-chose de nouveau, à part la nouvelle compagnie créée et on a du mal à voir quel est véritablement son positionnement et son différentiel en termes de coûts", résume Yan Derocles, analyste chez Oddo Securities.

Le groupe compte réduire ses coûts unitaires de plus de 1,5% par an sur la période 2017-2020, dépassant la baisse de 1,5% prévue dans le plan "Perform 2020" présenté en 2015 par le précédent PDG, Alexandre de Juniac, qui a quitté le groupe cet été.

NOUVELLE COMPAGNIE A PARTIR DE L'HIVER 2017

Pour y parvenir, Air France-KLM mise notamment sur une nouvelle compagnie aux contours encore incertains que le groupe dit ne pas vouloir positionner sur un modèle low cost pour ne pas entamer ses recettes déjà mises à mal.

Cette nouvelle compagnie, intégrée dans un projet baptisé "Boost" s'inspirant du projet "Jump" de Lufthansa, devrait démarrer ses vols moyen-courriers à l'hiver 2017 et long-courriers à l'été 2018.

Elle disposera de 10 avions long-courriers d'ici 2020 et assurera 20% de l'activité moyen-courrier dans le but d'exploiter des lignes nouvellement créées avec des pilotes d'Air France sur la base du volontariat, rouvrir des lignes fermées car non rentables et conserver des lignes menacées.

Cette compagnie ne représentera qu'une petite partie de l'activité du groupe, qui devrait compter en 2020 une flotte de 435 appareils hors avions régionaux pour réaliser un chiffre d'affaires d'environ 28 milliards d'euros (contre 26 milliards en 2015) et transporter 100 millions de passagers (91 millions actuellement).

Au total, Air France-KLM prévoit d'ici 2020 une croissance de 2% à 3% par an de son activité long-courrier et investir entre 1,7 et 2,2 milliards d'euros chaque année.

"Le statu quo n'est pas une option", observe Jean-Marc Janaillac dans un communiqué.

Le nouveau patron d'Air France-KLM va devoir entamer de délicates négociations avec les syndicats de navigants après deux grèves cet été qui ont entraîné le départ du PDG d'Air France.

Jean-Marc Janaillac a remplacé le PDG d'Air France Frédéric Gagey, prenant lui-même la présidence de la compagnie et confiant la direction général à Franck Terner, le patron de la maintenance, une division en forte croissance.

Pour renforcer ses positions sur ce marché de la maintenance, Air France-KLM dit envisager une filialisation de cette division, dont le groupe conservera toutefois le contrôle.

Air France-KLM a également maintenu son objectif 2020 de dette nette ajustée sur EBITDAR (excédent brut d'exploitation intégrant les locations d'avions) inférieure à 2,5 fois en milieu de cycle (3,1 fois fin septembre).

Le groupe veut optimiser le financement de ses avions, ramenant de 40% à 20% la flotte d'appareils en leasing (un procédé coûteux), afin de privilégier l'achat d'avions en fonds propres.

(Avec Sarah Young, édité par Jean-Michel Bélot)

par Cyril Altmeyer et Victoria Bryan