Paris (awp/afp) - Le programme de vols d'Air France était conforme aux prévisions mercredi, au premier jour d'une grève des hôtesses et stewards qui intervient en plein chassé-croisé estival, avec l'annulation de 13% des vols par la compagnie, qui anticipe une légère dégradation pour jeudi.

Aussi bien à l'aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle qu'à celui d'Orly, les perturbations n'ont pas entraîné de souci dans la journée, selon des sources aéroportuaires.

Pour ce premier jour d'un mouvement prévu jusqu'au 2 août, les opérations se déroulent "conformément aux prévisions", a indiqué la compagnie dans un communiqué. Air France avait anticipé le maintien de 87% de ses vols.

Pour jeudi, les prévisions font état d'une légère dégradation, avec "près de 80%" des vols assurés. Dans le détail, Air France table sur "plus de 90%" des long-courriers, "plus de 70%" des moyen-courriers à Roissy et "plus de 80%" des vols intérieurs.

Des annulations ou retards de dernière minute sont possibles, a-t-elle aussi prévenu.

Selon la compagnie, les vols Air France opérés par un avion d'une autre compagnie (HOP!, KLM et Delta) "ne sont pas concernés" par le mouvement, pas plus que ceux de la filiale low cost Transavia.

Les hôtesses et stewards protestent contre le renouvellement pour 17 mois de l'accord d'entreprise fixant notamment leurs règles de travail, de rémunération et de carrière. Pour mercredi, la compagnie avait recensé 37% de grévistes. Ils seront 36% jeudi, a indiqué Air France.

Un chiffre contesté par les syndicats de personnels navigants commerciaux SNPNC-FO et Unsa-PNC, qui revendiquent ensemble 45% des voix. Sur son site, l'Unsa parle d'un "mouvement massif" avec "50%" de grévistes déclarés sur le seul formulaire Unsa. Le SNPNC-FO estime lui "autour de 60% à 70%" le taux de grévistes, a indiqué à l'AFP David Lanfranchi, un de ses responsables.

Selon des sources aéroportuaires, 181 vols Air France au total ont été annulés au départ ou à l'arrivée des aéroports parisiens mercredi. "Plus de 230" le seront jeudi, selon M. Lanfranchi.

L'été dernier, Air France avait transporté chaque jour 140.000 passagers en moyenne. Mercredi, 20.000 passagers ont été affectés par la grève, dont 17.000 par une annulation de vol.

Outre le SNPNC-FO et l'Unsa-PNC, les organisations non représentatives SNGAF, CFTC et Sud appellent aussi à la grève.

PÉRIODE CRUCIALE

L'accord collectif s'appliquant aux plus de 13'000 PNC d'Air France arrive à échéance fin octobre. Si les négociations débutées au printemps venaient à échouer définitivement, la direction pourrait appliquer un texte unilatéralement, avec la règlementation internationale pour seule contrainte.

Début juillet, pour obtenir la levée des préavis de grève, la direction a proposé de reconduire jusqu'en mars 2018 l'accord existant, "avec certaines modifications mineures", selon elle.

Les syndicats ont refusé, réclamant une durée de cinq ans ou, à défaut, un accord à durée indéterminée. Depuis jeudi soir, il n'y a eu "aucun contact" avec la direction, a précisé M. Lanfranchi.

Pour le Pdg de la compagnie, Frédéric Gagey, cette grève de sept jours en plein chassé-croisé estival, une période cruciale pour le chiffre d'affaires, risque de "compromettre le redressement d'Air France".

La compagnie tricolore a renoué avec les bénéfices en 2015. Au premier semestre, Air France-KLM a réduit sa perte nette à 114 millions d'euros contre 638 millions il y a un an, selon les résultats publiés mercredi.

Compte tenu des résultats qui "continuent de s'améliorer fortement", "pourquoi (...) l'entreprise refuse-t-elle de garantir nos conditions de travail et de rémunération sur une période décente", souligne l'Unsa-PNC sur son site.

En acceptant un texte de 17 mois, les syndicats redoutent que l'entreprise n'utilise "le moindre retournement de tendance" pour mettre sur la table des exigences beaucoup plus élevées.

En juin, une grève de quatre jours des pilotes, avec l'annulation de 20% de ses vols en moyenne, a coûté à Air France environ 40 millions d'euros.

Sa partenaire KLM fera face, elle, jeudi, à une grève de ses personnels au sol à l'aéroport d'Amsterdam-Schiphol pour des questions salariales, qui n'engendrera presque pas de désagréments pour les vols, selon la Fédération des syndicats néerlandais (FNV).

afp/buc