La compagnie doit présenter lundi à ses organisations représentatives la restructuration qu'elle compte engager après l'échec des négociations avec ses syndicats de pilotes, pointés du doigt pour ne pas avoir accepté le plan de compétitivité proposé par la direction.

"Quand le dialogue est bloqué par une minorité sur des visions purement individuelles et corporatistes, oui ça peut mettre en danger l'ensemble", a déclaré Michel Sapin dans l'émission "Le Grand Rendez-vous" sur Europe 1, iTELE et Le Monde.

"J'espère que tout le monde est bien conscient, y compris tout le monde dans le personnel d'Air France, que si rien n'est fait, Air France est en très grande difficulté", a-t-il ajouté, disant soutenir les "réformes nécessaires".

"On vit sur cette image d'une compagnie belle, conquérante, grande référence mondiale, elle l'est toujours, mais tout a bougé autour", a poursuivi le ministre des Finances, citant le développement du low-cost et des compagnies de très grande qualité, notamment orientales et dans les pays du Golfe.

"Air France s'est fait écraser, pris en tenaille entre deux évolutions (...) il faut donc regagner sur les deux bouts."

Le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, a appelé vendredi direction et syndicats à mettre à profit le comité central d'entreprise (CCE) de lundi matin pour renouer le dialogue, et estimé qu'il appartenait aux syndicats de faire des contre-propositions pour améliorer le plan.

Avant lui, le Premier ministre, Manuel Valls, avait demandé aux pilotes de "faire un effort".

Le maire LR de Bordeaux, Alain Juppé, candidat à la primaire de la droite et du centre pour la présidentielle de 2017, a également appelé les pilotes à prendre leurs responsabilités.

GRÈVE DES PERSONNELS AU SOL

"Il y a un moment où il faut être un peu raisonnable, faire preuve de bon sens", a-t-il déclaré dimanche dans l'émission "Le Grand Jury" sur RTL, LCI et Le Figaro. "Je leur lance vraiment un appel : aidez la direction à sauver cette compagnie."

Faute d'accord sur le programme "Perform 2020", prévoyant une augmentation du temps de travail sans compensation salariale, le conseil d'administration d'Air France-KLM a demandé la mise en oeuvre d'un plan "B".

Ce dernier implique une réduction de 10% de l'activité long-courrier d'Air France en 2016 et 2017 et la compagnie prévoit de supprimer 2.900 emplois dans ce cadre, dit-on de source syndicale.

Direction et syndicats ont donné quelques signes d'ouverture vendredi sans néanmoins soulever l'espoir de parvenir rapidement à un accord.

Les syndicats ont appelé le personnel au sol à une grève lundi pour protester contre les suppressions de postes. L'ensemble des vols est maintenu mais quelques retards sont à prévoir, a dit un porte-parole d'Air France, ajoutant ne pas disposer à ce stade de prévision du taux de participation à cet arrêt de travail.

La direction du groupe estime que les navigants (pilotes, hôtesses et stewards) travaillent en moyenne 15% à 20% de moins à salaire équivalent que ceux de KLM, Lufthansa, British Airways et Iberia (ces deux dernières compagnies appartenant au groupe IAG).Air France ne rentabilise que la moitié de ses lignes long-courrier, un taux qu'elle souhaiterait porter à 80%.

Interrogé sur l'éventualité d'une recapitalisation d'Air France, Michel Sapin a estimé que ce n'était "pas le sujet aujourd'hui". "Le sujet, c'est comment on remet cette compagnie dans le mouvement et dans l'équilibre".

(Chine Labbé, avec Gus Trompiz, édité par Gilles Trequesser)