* De Juniac propose de suspendre le projet "Transavia Europe"

* Le développement de Transavia France serait "accéléré"

* Le SNPL demandent le retrait de Transavia Europe

* Valls appelle de nouveau à la fin de la grève (Actualisé avec déclarations SNPL, Valls, §§ 7-11)

par Gregory Blachier

PARIS, 22 septembre (Reuters) - Le PDG d'Air France-KLM , Alexandre de Juniac, a annoncé lundi la suspension jusqu'en décembre de la création de Transavia Europe, son projet de filiale low-cost qui a provoqué une grève des pilotes d'Air France, mais ces derniers ont rejeté cette ultime proposition.

Alors que le mouvement, dont le coût pour la compagnie est désormais estimé à 20 millions d'euros par jour, est entré dans sa seconde semaine, la direction a dévoilé une proposition basée sur le développement prioritaire de Transavia France.

La filiale low-cost verrait sa flotte passer de 14 à 37 avions d'ici 2019 au plus tard, et peut-être avant, a expliqué à la presse Alexandre de Juniac, ajoutant que 1.000 emplois étaient à la clé, dont 250 de pilotes.

"Le premier aspect de la proposition c'est, sur le développement de Transavia en Europe, de suspendre jusqu'à la fin de l'année, le temps de discuter, de négocier les garanties nécessaires", a-t-il dit.

"L'autre volet, c'est Transavia France, c'est la conquête d'un marché en France que nous avons pour l'instant laissé aux autres, la défense de nos grandes plate-formes, notamment Orly. C'est, sur le plan économique, mille emplois", a-t-il dit.

"Ce qu'on propose c'est d'accélérer le développement de Transavia France, aller plus vite, plus fort, pour que l'on soit en mesure de répondre aux défis que nous posent le low-cost."

Mais le SNPL Air France Alpa, majoritaire, a dénoncé un "écran de fumée" à propos de la suspension de Transavia Europe et a demandé le retrait pur et simple du projet, arguant qu'il mènerait à l'asborption de Transavia France et Transavia Hollande, et donc à des délocalisations d'emploi.

"Nous demandons désormais le retrait du projet de Transavia Europe, les conditions aujourd'hui n'étant clairement pas réunies pour qu'un projet de cette nature se mette en place dans la sérénité", a dit à la presse Jean-Louis Barber, président du SNPL.

PROPOSITION "RAISONNABLE" SELON VALLS

Le syndicat appelle à poursuivre la mobilisation avec une manifestation devant l'Assemblée nationale mardi, jour pour lequel Air France prévoit une amélioration du trafic avec 47% des vols contre 42% lundi, compte tenu d'un taux de grévistes de 57% contre 65%.

Surtout, le SNPL maintient la menace d'une grève illimitée : "Tant que la direction ne changera pas de philosophie et (...) ne mènera pas de réelles négociations pour finalement bâtir dans la concertation la riposte au low-cost, les pilotes Air France seront en grève", a dit Jean-Louis Barber.

L'organisation a de nouveau demandé à être reçue par Manuel Valls mais le Premier ministre a salué, depuis l'Allemagne où il est en déplacement, la proposition de la direction, semblant fermer la porte à une entrevue qui mettrait Alexandre de Juniac en posture délicate.

"La direction d'Air France a fait des propositions qui me semblent raisonnables (...) Il faut que cette grève s'arrête le plus vite possible", a-t-il dit.

Les pilotes, qui ont entamé leur mouvement le 15 septembre, contestent notamment l'ouverture de trois nouvelles "bases" en dehors de la France et des Pays-Bas l'an prochain et réclament un contrat de travail unique quelle que soit la compagnie.

"Nous avons étudié la proposition du SNPL en détail (...) notre estimation, c'est 25% d'écart de coûts si on applique les conditions d'Air France à Transavia", a assuré Alexandre de Juniac.

"Appliqué au total du coût des pilotes, c'est entre 2% et 3% de coûts totaux en plus, et 3%, c'est la marge de Transavia, donc on passe à la perte. Le modèle du low-cost, c'est la vigilance sur tous les coûts", a-t-il fait valoir.

L'ACCORD TRANSAVIA FRANCE DÉNONCÉ

Les syndicats, eux, affirment que ces chiffres ne sont pas corrects et que le contrat unique aux conditions Air France qu'ils demandent serait tout à fait viable.

Le patron d'Air France-KLM s'apprête donc à mettre une de ses menaces à exécution : dénoncer de manière unilatérale l'accord de création de Transavia France, datant de 2007, qui limite la flotte de la compagnie à 14 appareils.

"J'ai espéré que ma proposition rencontre un écho favorable (...) On va devoir prendre (la décision) assez rapidement. C'est assez décevant", a dit Alexandre de Juniac, ajoutant que le texte serait dénoncé dans les jours à venir.

"C'est ma proposition, je la mets en oeuvre", a insisté le patron d'Air France-KLM, qui a dit ne pas comprendre la poursuite du mouvement de grève.

"Ce conflit, maintenant qu'il n'a plus de raison d'être, devrait s'arrêter (...) J'attends l'information du SNPL pour savoir pourquoi la grève continue. Ça ne me paraît pas suffisant pour justifier un conflit qui fait perdre à un fleuron français 20 millions par jour." (Avec Alexander Ratz à Hambourg, édité par Yves Clarisse)

Valeurs citées dans l'article : Ryanair Holdings plc, easyJet plc, AIR FRANCE-KLM