Sur les trois premiers mois de l'année, période surtout marquée pour le groupe par le crash d'un avion de Germanwings, l'une ses filiales, la perte opérationnelle ajustée a été ramenée à 167 millions d'euros contre 190 millions il y a un an. Les analystes interrogés par Reuters prévoyaient en moyenne une perte de 172 millions.

Tout au long de 2014 et au début de 2015, les pilotes de Lufthansa ont multiplié les grèves pour protester contre la remise en cause de leurs pré-retraites et, plus généralement, contre la volonté de la direction de développer ses prestations à bas coûts.

Coincé, comme Air France-KLM, entre les spécialistes des vols à bas coûts comme Ryanair et EasyJet et les compagnies basées dans le Golfe et en Turquie, Lufthansa dit n'avoir pas d'autre choix que de réduire ses coûts.

Début mars, à l'occasion de la publication de ses résultats 2014, le groupe, qui regroupe également les compagnies Swiss et Austrian Airlines, avait déjà dit vouloir poursuivre la réduction de ses coûts en dépit de la menace de nouvelles grèves brandie par ses pilotes.

Les menaces de grève ainsi que les discussions avec les pilotes avaient été suspendues par le crash de l'avion de la Germanwings, filiale à bas coûts de Lufthansa, survenu le 24 mars en France.

La semaine dernière, la direction a proposé une médiation élargie pour mettre un terme aux conflits sociaux. A ce stade, le syndicat des pilotes n'a pas encore apporté de réponse.

LÉGÈRE HAUSSE DE LA FACTURE KÉROSÈNE ESTIMÉE POUR 2015

Vers 11h25, le titre Lufthansa reculait de 0,32% à 12,63 euros alors que l'indice regroupant les valeurs européennes liées aux voyages et au transport aérien avançait de 1,5%.

Ce dernier est notamment porté par la hausse de plus de 2% de l'action de Ryanair après que la compagnie irlandaise a fait état d'une hausse de 16% de son trafic passagers pour le mois d'avril.

Lufthansa a précisé que ses coûts unitaires avaient augmenté de 2,8% sur la période, tandis que le rendement par passager a reculé de 2,9% sur le premier trimestre, hors effets de change.

"Nous sommes toujours grandement incités à agir (sur les coûts)", précise Simone Menne, directrice financière chez Lufthansa, citée dans un communiqué.

Le chiffre d'affaires de la compagnie sur la période est ressorti à 6,973 milliards d'euros, contre 6,46 milliards il y a un an et un consensus de 6,47 milliards.

Lufthansa a noté que le crash de l'avion Germanwings en France avait pesé sur ses réservations pendant un court moment, sans que cela n'affecte pour autant la marque Lufthansa elle-même.

Tout semble indiquer que ce crash, qui a tué 150 personnes, a été un acte volontaire de la part du co-pilote de l'avion Andreas Lubitz, qui s'est enfermé dans le cockpit et a ensuite dirigé l'Airbus A320 contre une paroi rocheuse des Alpes-de-Haute-Provence.

Simone Menne a déclaré que le crash n'aurait aucune incidence sur le bilan du groupe, les réclamations et autres coûts étant couverts par les assureurs de la compagnie.

En raison de la faiblesse de l'euro par rapport au dollar, cette dernière a revu en légère hausse l'estimation de sa facture carburant pour 2015, à 6,2 milliards d'euros contre six milliards annoncés il y a deux mois.

Lufthansa a néanmoins confirmé sa prévision d'un résultat d'exploitation opérationnel annuel de plus de 1,5 milliard d'euros contre 1,2 milliard en 2014.

La semaine dernière, Air France-KLM, numéro deux du secteur, avait annoncé une perte d'exploitation du premier trimestre ramenée à 417 millions d'euros sans pour autant fournir de prévisions pour l'ensemble de l'année.

Le numéro trois européen, International Airlines Group (IAG), maison-mère de British Airways, d'Iberia et de Vueling, avait de son côté dit être bénéficiaire pour la première fois de son histoire au premier trimestre grâce à la baisse du coût du carburant et à l'amélioration des performances de ses trois compagnies.

Les trois premiers mois de l'année calendaire sont généralement peu favorables aux résultats des compagnies aériennes.

(Benoît Van Overstraeten pour le service français, édité par Véronique Tison)

par Victoria Bryan