PARIS, 29 janvier (Reuters) - Deux hauts responsables d'Airbus ont écrit aux investisseurs institutionnels afin d'afficher une position commune concernant l'avenir de l'A380 et d'apaiser ainsi les craintes sur un éventuel abandon du programme, ont déclaré jeudi deux sources au fait du contenu de la lettre.

Harald Wilhelm, directeur financier à la fois d'Airbus Group et de sa filiale d'avions Airbus, et le directeur commercial de l'avionneur européen, John Leahy, co-signent cette lettre, soulignant qu'aucun cadre du groupe n'a envisagé de renoncer à la production du plus gros avion du monde.

Ni Airbus Group ni Airbus n'ont souhaité faire de commentaire.

Les spéculations sur l'avenir de l'appareil se sont multipliées depuis les propos tenus en décembre par Harald Wilhelm lors d'un forum investisseurs à Londres.

Le directeur financier avait alors déclaré que l'A380 atteindrait le seuil de rentabilité d'ici 2018, même si Airbus décidait d'"interrompre" le programme.

Le patron d'Emirates avait protesté contre ces déclarations, soulignant que cela rendrait plus difficile pour d'autres compagnies de commander l'avion.

Au-delà des questions sur l'appareil lui-même, ces propos avaient ravivé le spectre de divergences entre l'avionneur et sa maison-mère, ont souligné plusieurs analystes.

Les querelles intestines ont perturbé le développement d'EADS, ancien nom d'Airbus Group, au milieu des années 2000, entamant la confiance des investisseurs.

Le groupe avait argué que ces problèmes appartenaient au passé après avoir remanié sa direction et réorganisé sa gouvernance en 2013.

Fabrice Brégier, le patron d'Airbus, a déclaré lors d'une conférence de presse à Toulouse mi-janvier que les "meilleurs jours de l'A380" étaient encore à venir et avait démenti toutes divergences au sein du groupe.

Airbus a récemment peiné à engranger de nouvelles commandes de l'avion, qui peut transporter 525 passagers dans sa configuration standard.

Mais Turkish Airlines négocie une commande d'au moins dix A380, pour un montant total qui pourrait avoisiner quatre milliards de dollars, ont déclaré lundi deux personnes proches du dossier.

Le président exécutif d'Airbus Group, Tom Enders, s'est dit de son côté persuadé que l'avenir de l'A380 était "radieux" lors d'une réception avec la presse à Paris.

Il a ajouté que les résultats annuels du groupe, qui seront publiés le 27 février, étaient "bons" et que le contexte économique semblait porteur pour son activité. (Tim Hepher, avec Cyril Altmeyer, édité par Matthias Blamont)