(Actualisation: nouvelles déclarations de Tom Enders sur la poursuite du programme A400M)

Le groupe aéronautique Airbus Group (AIR.FR), a remplacé jeudi le directeur de sa branche d'avions militaires, Domingo Urena-Raso, après les déboires rencontrés par son avion A400M et indiqué qu'il ferait face à des pénalités en raison des retards de livraison de l'appareil.

Domingo Urena-Raso sera remplacé à compter du 1er mars par Fernando Alonso, actuellement responsable des vols d'essai. Jusqu'à cette date, la direction de la branche aviation militaire sera confiée, par intérim, à Bernhard Gerwert, directeur général d'Airbus Defence and Space. Domingo Urena-Raso se verra confier de nouvelles fonctions au sein du groupe.

Le président exécutif d'Airbus, Tom Enders, s'était engagé mardi à modifier le programme de l'avion de transport militaire A400M, alors que ses clients, pénalisés par une nouvelle série de problèmes, se sont plaints de défauts et de retards de livraisons.

"Nous n'avons pas fait aussi bien que nous l'aurions souhaité sur l'A400M, et je dois m'en excuser", a déclaré Tom Enders mardi soir lors d'un événement organisé par le groupe d'aéronautique et de défense, selon le texte d'un discours préparé pour l'occasion.

"Je peux vous assurer qu'il y aura pour ce programme des conséquences en termes de gestion et d'organisation", avait-il affirmé, sans donner de précisions.

Tom Enders a affirmé que le groupe devra sans doute payer des pénalités aux pays clients qui ont acheté l'appareil afin de les indemniser des retards de livraison.

"La situation cette fois n'est pas aussi critique qu'elle a pu l'être par le passé", a cependant souligné Tom Enders, jugeant que ce n'était pas "une catastrophe". Le groupe n'abandonnera pas le programme et ne demandera pas non plus d'argent supplémentaire aux Etats comme il a pu le faire par le passé, a-t-il avancé.

Airbus avait averti en novembre que ses résultats pourraient être affectés par ce programme, qui n'est toujours pas rentable. Le groupe accusait déjà des retards dans ses livraisons, même si Airbus a finalement atteint son objectif pour 2014, qui consistait à livrer plus de 10 appareils aux armées de l'air clientes.

Des milliards d'euros de surcoûts

Le développement de l'A400M a engendré des surcoûts de plusieurs milliards d'euros et a pris plusieurs années de retard sur le calendrier initial, Airbus et ses partenaires ayant rencontré toute une série de difficultés dans la construction de l'appareil.

Airbus a enregistré 174 commandes pour l'A400M. La Malaisie est le seul client pour cet appareil en dehors des six pays européens, plus la Turquie, qui participent au développement du programme. Certains pays ont revu leurs commandes à la baisse.

L'avionneur européen a besoin de contrats supplémentaires pour que le programme soit un jour rentable, a déclaré le groupe. Les campagnes d'exportation concernant cet appareil sont l'une des priorités d'Airbus cette année, ont indiqué certains de ses responsables.

Le ministère britannique de la Défense figure parmi les acheteurs qui attendent toujours de recevoir leurs appareils. "Airbus travaille dur pour livrer l'avion aussi rapidement que possible", a assuré Tom Enders à Londres. La Royal Air Force devrait avoir sept A400M en service d'ici à la fin de cette année, a-t-il précisé.

Airbus publiera ses résultats financiers pour l'exercice 2014 le 27 février. Il dévoilera à ce moment-là l'impact des difficultés du programme A400M sur ses résultats.

Domingo Ureña-Raso avait été nommé vice-président exécutif du programme d'avions militaires d'Airbus Defence and Space voilà un an.

-Robert Wall, Dow Jones Newswires (Version française Emilie Palvadeau, Jérôme Batteau)