Paris (awp/afp) - Airbus Group a confirmé mercredi ses objectifs de livraison et de rentabilité pour 2016, après un premier semestre marqué par une envolée de son bénéfice mais aussi par deux lourdes charges passées sur son moyen-courrier A350 et surtout sur l'avion militaire A400M.

L'avionneur s'attendait au printemps à une nouvelle charge "significative" pour l'A400M. Il avait vu juste: Airbus Group a dû passer une provision de plus de 1 milliard d'euros sur le programme au premier semestre.

L'avion de transport militaire, qui accumule les retards et les surcoûts depuis son lancement en 2003, était dernièrement confronté à un problème avec le boîtier de transmission du moteur, en passe d'être résolu selon le constructeur.

Signe que les déboires de l'A400M ne sont pas terminés pour Airbus, il va maintenant falloir discuter avec les Etats européens du nouveau calendrier de livraison "et de ses implications".

"A ce jour, l'issue de ces négociations est impossible à prévoir. Cependant, les impacts potentiels sur les états financiers pourraient être significatifs", avertit déjà le groupe.

Les ennuis volant en escadrille, l'avionneur a également annoncé une charge de 385 millions d'euros pour son long-courrier A350, dont la production n'augmente pas aussi vite que prévu à cause des difficultés de certains sous-traitants à suivre la cadence.

"Les équipement de cabine constituent encore le point critique", reconnaît Airbus, qui n'a livré que 12 appareils en six mois mais n'a pas pour autant modifié ses prévisions. "Les gars brûlent de démontrer qu'ils peuvent en livrer 50 d'ici la fin de l'année", a même affirmé Tom Enders, PDG du groupe.

Le moyen-courrier A320neo a également subi "quelques aléas (...) qui devraient être résolus d'ici la fin de l'année", rappelle le constructeur, qui assurait auparavant que ces "problèmes de jeunesse" seraient réglés avant l'été.

- Livraisons stables -

Ces difficultés n'ont pas empêché Airbus de maintenir le niveau de ses livraisons, avec 298 avions commerciaux remis de janvier à juin, contre 304 un an plus tôt.

Le groupe espère toujours atteindre 650 livraisons à la fin de l'année et compte pour cela sur un "calendrier plus important sur la deuxième partie de l'année".

L'objectif d'une hausse du carnet de commandes d'avions commerciaux est aussi maintenu, malgré une chute de 30% au premier semestre, à 32,3 milliards d'euros. Une partie de ce retard a été comblé début juillet, à l'occasion du salon aéronautique de Farnborough (Royaume-Uni).

Si le chiffre d'affaires est resté stable à 28,75 milliards (-0,4%), le bénéfice net s'est envolé à 1,76 milliard (+15,5%), à la faveur de deux plus-values exceptionnelles.

La création d'Airbus Safran Launchers (ASL), coentreprise dans le domaine des lanceurs spatiaux, se traduit ainsi par un gain de près de 1,14 milliard d'euros pour l'avionneur, qui a en outre retiré 868 millions de son désengagement du capital de Dassault Aviation.

La hausse des profits a enthousiasmé les investisseurs, l'action Airbus Group gagnant à 12H45 (10H45 GMT) 4,74% à 54,15 euros.

"Ces gains ont atténué les pertes des programmes A400M et A350 mais ne les rendent pas plus acceptables", a tempéré M. Enders.

Le cas de l'A400M rend d'ailleurs "un peu plus difficile" le maintien du flux de trésorerie disponible ("free cash flow") au même niveau que l'an passé, a-t-il ajouté.

Airbus prévoit déjà que sa trésorerie diminuera de 200 millions d'euros du fait de la création d'ASL, qui devrait aussi réduire de 20 centimes le bénéfice par action (3,43 euros en 2015).

Le PDG d'Airbus Group a par ailleurs signalé qu'il prévoyait de "conclure vers la fin de l'année" la cession de son activité d'électronique de défense au fonds KKR. La transaction, annoncée en mars pour un montant de 1,1 milliard d'euros, était alors censée aboutir au premier trimestre 2017.

afp/al