(Actualisation: précisions sur les difficultés de l'A400M et rappel des objectifs précédents pour cet appareil, risques pesant sur les différents programmes en 2017, réaction en Bourse)

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Airbus (AIR.FR) prévoit de dépasser son record de livraisons et de dégager une croissance "de quelques pourcents" de son EBIT ajusté et de son bénéfice par action en 2017, après une chute de son bénéfice net en 2016 en raison d'une lourde charge liée au programme A400M. L'avion de transport militaire reste "un sujet de préoccupation" pour la direction, a indiqué le groupe d'aéronautique et de défense mercredi.

Le résultat net d'Airbus a reculé de 67% à 995 millions d'euros en 2016, affecté par des effets de change négatifs et par une nouvelle charge de 1,2 milliard d'euros au quatrième trimestre sur l'avion de transport militaire A400M. Ce programme, , mal en point, avait déjà occasionné plus tôt dans l'année 1 milliard d'euros de frais imprévus.

Airbus s'est trouvé à la peine pour développer et assembler cet appareil de transport turbopropulsé à grande capacité et rencontré des problèmes à répétition pour les livrer à temps aux donneurs d'ordres. Le président exécutif d'Airbus, Tom Enders, s'était engagé l'an dernier à livrer au moins 20 appareils. Finalement 17 A400M ont été livrés en 2016.

Réduire les risques liés à l'A400M est une priorité

"Nous avons honoré les engagements pris l'année dernière en termes de performances et d'objectifs, à l'exception de l'A400M, qui a représenté une charge totale de 2,2 milliards d'euros en 2016. Réduire les risques et renforcer l'exécution de ce programme est absolument prioritaire en 2017", a déclaré Tom Enders.

La direction a réévalué le coût industriel du programme en incluant désormais une estimation d'un risque commercial "qui pourrait s'avérer significatif". Au vu des pertes cumulées du programme A400M, le conseil d'administration a mandaté la direction "à réengager des discussions avec les clients" pour plafonner l'exposition restante.

Le bénéfice par action d'Airbus s'est établi à 1,29 euro en 2016, contre 3,43 euros en 2015. La direction a néanmoins décidé de s'écarter du taux habituel de distribution pour proposer un dividende de 1,35 euro par action, en hausse de 4% par rapport à celui de 2015.

L'EBIT ajusté s'est établi à 3,96 milliards d'euros l'année dernière, en repli de 4% par rapport à 2015, tandis que l'EBIT publié s'est élevé à 2,26 milliards d'euros, en baisse de 44% sur un an. Le chiffre d'affaires total du groupe a progressé de 3% à 66,58 milliards d'euros.

Le flux de trésorerie disponible dépasse les prévisions

Le flux de trésorerie disponible avant fusions, acquisitions et financements clients a progressé de 6%, à 1,4 milliard d'euros. Lors de la publication de ses résultats du troisième trimestre, le groupe industriel avait maintenu son objectif 2016 d'un flux de trésorerie disponible de 1,2 milliard d'euros environ hors impact des fusions, acquisitions et financement d'avions, ainsi que celui d'un résultat opérationnel courant stable par rapport à celui dégagé en 2015.

Fin novembre, Airbus a annoncé un plan de suppression de 1.164 postes en Europe, dans un contexte de concurrence exacerbée avec son rival américain Boeing et de l'arrivée d'avionneurs chinois sur le marché. Le groupe emploie au total 136.000 personnes dans le monde.

Un objectif de 700 avions livrés en 2017

En 2017, Airbus prévoit de livrer de plus de 700 avions commerciaux, après un record de 688 appareils en 2016. Le groupe anticipe également une croissance "de quelques pourcents" de l'EBIT ajusté et du BPA ajusté, hors fusions-acquisitions, et un flux de trésorerie disponible hors fusions-acquisitions et financements clients, stable par rapport à 2016.

Le groupe fait toutefois face à des pressions renouvelées en 2017. Le programme A400M pourrait générer de nouveaux frais. Pratt & Whitney, fournisseur des moteurs de l'Airbus A320neo, s'efforce encore de rattraper le rythme des approvisionnements, ce qui pourrait jouer sur le nombre d'appareils livrés cette année. La faiblesse de la demande a par ailleurs obligé l'avionneur européen à réduire la production de son très gros porteur A380, l'amenant à construire chacun de ces appareils à perte. Enfin la date de livraison de la nouvelle version du long-courrier A330, initialement prévue cette année, a déjà été repoussée à 2018.

Airbus pourrait encore devoir sprinter dans la dernière ligne droite cette année, n'ayant livré que 25 appareils en janvier, en regard de son objectif de 700 sur l'année. Les livraisons de l'A320neo interviendront surtout en deuxième partie d'année. Des progrès ont été réalisés pour résoudre les problèmes d'approvisionnement qui ont ralenti la cadence de livraison de l'A350 l'an dernier, a indiqué Airbus, mais "la situation demeure tendue".

L'action Airbus perd 1,8% à 66,02 euros mercredi en début de séance à la Bourse de Paris.

-Guillaume Bayre, Agefi-Dow Jones ; 01 41 27 47 93; gbayre@agefi.fr ed: VLV

(Robert Wall et Ambroise Ecorcheville ont contribué à cet article)