Blagnac (awp/afp) - Airbus a inauguré en fanfare jeudi son plus gros bimoteur, l'A350-1000, destiné à damer le pion au "triple 7" de Boeing, tandis que les inquiétudes sociales persistaient sur le millier de suppressions de postes à venir au sein de l'avionneur.

Des centaines d'employés, de journalistes et de VIP étaient venus applaudir le premier vol d'essai du nouveau venu de la gamme des A350, sous le ciel gris sombre de l'aéroport de Toulouse-Blagnac.

Les petits fours, les fromages affinés et le pauillac avaient été sortis sur les nappes blanches pour parfaire l'ambiance festive.

Mais, non loin de la piste d'envol, se tenait un nouveau comité d'entreprise, le quatrième en deux mois, qui devait annoncer de nouvelles suppressions de poste au sein du groupe européen, les portant à "plus de 1000", selon les syndicats.

Selon la CGT, "les coupes franches" atteindrait au total 1.110 postes. "Airbus, l'entreprise aux 1000 milliards de commandes, obéit ainsi à une logique toute financière, restant fidèle à son actionnariat faisant fi des conséquences sociales", accuse dans un communiqué le syndicat, minoritaire au sein de l'avionneur.

Selon FO, majoritaire, les suppressions "dépasseront les 1.000" postes, ce qui fait de plus en plus craindre au syndicat des licenciements secs.

"Il y aura des discussions avec les partenaires sociaux", a répondu le pdg d'Airbus. "Airbus a une tradition de dialogue social qui a toujours permis, normalement, de trouver des solutions comme avec Power 8", a-t-il ajouté en référence à un plan de suppression de 7.900 postes, lancé en 2007 et qui s'est fait sans aucun licenciement.

Le millier de suppressions de postes attendu, en France et en Allemagne, est à comparer aux quelque 140'000 personnes employées dans le monde par l'avionneur.

- Soutenir la défense et les hélicoptères -

Ce plan entre dans le cadre de la restructuration du groupe qui vise à fusionner l'actuel Airbus, division d'aviation commerciale, au sein d'Airbus Group, qui réunit également les autres filiales dans les hélicoptères, la défense et l'espace. La nouvelle société, à naître l'an prochain, sera tout simplement baptisé "Airbus".

"Il s'agit de soutenir, à travers des synergies, les branches défense et hélicoptères", a précisé M. Brégier, qui deviendra le nouveau directeur général délégué d'Airbus.

La branche défense d'Airbus pâtit en effet des revers du programme de l'avion militaire A400M tandis qu'Airbus Hélicoptères, près de Marseille, a lancé un programme de près de 600 suppressions de postes.

Mais à Blagnac, près de Toulouse, la confiance était plutôt de mise tandis que l'A350-1000 atterrissait en début d'après-midi après trois heures de vol d'essai.

"C'est le plus gros biréacteur que nous avons jamais construit", s'est félicité François Caudron, vice-président marketing.

L'appareil a été allongé d'environ sept mètres, par rapport à son aîné l'A350-900, pour porter son fuselage à près de 74 mètres, ce qui a permis d'ajouter 41 sièges, soit 366 passagers.

Le nouveau long-courrier se situe ainsi sur le juteux marché des gros biréacteurs, où règne en maître le Boeing 777-300 de la gamme 777 et en particulier le Boeing 777-300ER. Selon les experts, ce segment des 350-400 passagers représente 1.000 milliards de dollars.

Airbus revendique un coût d'exploitation inférieur d'un quart, comparé à son rival américain, et le "moteur le plus efficace" de sa gamme, produit par le britannique Rolls-Royce, selon M. Caudron. L'A350-1000 est également plus léger d'une vingtaine de tonnes que le Boeing 777-300ER.

"L'A350-1000 va tuer le 777ER", a fièrement lancé Fabrice Brégier, pdg d'Airbus, branche aviation commerciale d'Airbus Group. Le patron a estimé que l'A350-1000 était également mieux placé que le Boeing 777X, version plus grande du 777ER qui peut transporter plus de 400 passagers.

"L'A350-1000 reste plus léger de 35 tonnes et a un coût d'exploitation inférieur de 15%", précise M. Caudron. "70% de la structure de l'A350-1000 est faite de matériaux perfectionnés", comme le composite, et donc plus légers, a-t-il souligné. L'A350-1000 est également plus spacieux et plus silencieux que son rival, assure Airbus.

Airbus espère ainsi capter la moitié du marché, contre 35% actuellement.

afp/rp