(Actualisation : déclarations des dirigeants sur les problèmes de l'A400M, précisions sur la consommation de trésorerie et les livraisons d'A380, baisse du cours de Bourse)

Le groupe européen d'aéronautique et de défense Airbus Group (AIR.FR) a confirmé jeudi ses prévisions pour 2016, malgré des difficultés rencontrées au niveau de la production et de la livraison de son avion militaire A400M et après avoir vu ses résultats reculer fortement au premier trimestre sous l'effet d'une base de comparaison défavorable et d'un ralentissement de ses livraisons.

Airbus s'attend toujours à un résultat opérationnel (Ebit) et à un bénéfice par action stables en 2016. Les objectifs annuels s'entendent toutefois hors impact des fusions et acquisitions et avant éléments non récurrents. Le groupe table également sur un flux de trésorerie disponible stable par rapport à 2015, hors impact des fusions et acquisitions.

Une nouvelle directive européenne affectant certains composants du moteur de l'A400M pourrait avoir "un impact significatif" sur les résultats du groupe, a averti Airbus, qui cherche actuellement à évaluer les implications industrielles de cette nouvelle directive et ses répercussions sur le calendrier des livraisons.

A la mi-journée, l'action Airbus perdait 6,5% à 54,68 euros, inscrivant la plus forte baisse du CAC 40.

Evoquant un "sérieux défi" pour le groupe, le président exécutif d'Airbus, Tom Enders, a qualifié de "très frustrants" les problèmes rencontrés au niveau du moteur de l'A400M, alors que ce programme a déjà été confronté à de nombreux obstacles dans son développement et sa production ces dernières année, conduisant à des surcoûts de plusieurs milliards d'euros.

Lors d'une conférence téléphonique, le directeur financier du groupe, Harald Wilhelm, a estimé que la situation actuelle était moins grave que la crise traversée il y a quelques années, lorsque le programme risquait d'être abandonné. Les risques d'annulations de la part des clients sont actuellement "très éloignés", a-t-il ajouté.

Le dirigeant ne s'est pas prononcé sur le nombre d'A400M qui seraient livrés cette année, alors que le groupe tablait initialement sur 20 livraisons. En l'absence de nouvelles commandes en plus des 174 déjà enregistrées, Airbus a estimé par le passé que le programme serait déficitaire.

Forte baisse des résultats trimestriels

Malgré des effets de change positifs, le résultat net du géant de l'aéronautique a reculé de moitié, passant de 792 millions d'euros au premier trimestre 2015 à 399 millions d'euros lors des trois premiers mois de 2016, alors que le résultat de l'année dernière avait été gonflé par un bénéfice exceptionnel de 697 millions d'euros lié à la cession d'actions Dassault Aviations.

Le résultat opérationnel avant éléments exceptionnels a également reculé, à 501 millions d'euros contre 651 millions d'euros un an auparavant. Sur la période, le groupe a souffert d'une baisse de ses livraisons d'avions, qui ont atteint 125 au premier trimestre, soit neuf de moins qu'un an plus tôt.

Les livraisons, la génération de trésorerie et les résultats monteront en puissance vers la fin de l'année, a estimé Tom Enders dans un communiqué.

De son côté, le chiffre d'affaires a légèrement progressé, à 12,2 milliards d'euros contre 12,1 milliards d'euros. Les investissements liés à l'accélération des cadences de production et la suspension des crédits à l'exportation se sont traduits par une consommation de trésorerie de 3 milliards d'euros sur le trimestre. Le groupe s'attend à ce que cette source de financement soit restaurée cette année.

Selon le consensus établi par FactSet, les analystes attendaient en moyenne un chiffre d'affaires de 11,99 milliards d'euros sur la période, un résultat opérationnel de 608 millions d'euros et un résultat net de 354 millions d'euros.

Le trimestre a également été marqué par l'annonce d'un accord de cession de l'activité d'électronique de défense, Airbus Defense Electronics, pour 1,1 milliard d'euros au fonds d'investissement KKR.

Difficile montée en puissance des livraisons

Airbus n'a livré que cinq A320neo entre janvier et mars. Les cadences de production ont augmenté mais de nombreux appareils attendent d'être équipés de moteurs avant de pouvoir être livrés. Le groupe cherche également à résoudre quelques problèmes techniques sur l'appareil, une tâche qui devrait être accomplie à la mi-2016 selon les indications fournies en début d'année.

Airbus cherche également à muscler son programme A350 après avoir livré 14 appareils l'année dernière, soit un de moins que prévu. Quatre A350 ont été livrés au premier trimestre, alors que le groupe veut porter ce chiffre au-dessus de 50 pour l'ensemble de l'année.

Au total, Airbus n'a reçu que dix commandes nettes d'avions au cours du trimestre, à comparer à l'objectif de 650 fixé pour 2016.

Confronté à une chute des commandes pour son très gros porteur A380, le groupe a par ailleurs estimé à environ 27 le nombre de livraisons prévues en 2016, stable par rapport à 2015. Le nombre d'A380 à produire en 2017 a été révisé de 25 à 20.

Alors que le groupe a reçu des commandes d'une valeur de 7,2 milliards d'euros au premier trimestre, contre 21 milliards d'euros un an plus tôt, le carnet de commandes s'établit à 957 milliards d'euros fin mars, à comparer à 1.006 milliards d'euros fin 2015.

-Thomas Varela, Dow Jones Newswires; +33 (0)1 40 17 17 72; thomas.varela@wsj.com ed: VLV

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