SIA a signé une lettre d'intention avec Boeing pour 20 777-9 et 19 787-10 pour accélérer sa croissance et moderniser sa flotte au cours de la décennie à venir. Des options pour les deux modèles pourraient porter la commande à 51 avions.

La commande est particulièrement bienvenue pour Boeing qui cherche à relancer la dynamique commerciale de la dernière version du 777, qui n'a engrangé qu'une commande ferme en 20 mois après un bon démarrage.

Elle devrait aussi permettre de soutenir les emplois liés à l'exportation au moment où les emplois industriels américains sont un sujet politique sensible sous la présidence de Donald Trump.

"La compagnie est un client exigeant et ses décisions en termes de flotte déterminent en général les tendances de marché à moyen terme", estime dans une note Howard Rubel, analyste chez Jefferies.

Les compagnies aériennes obtiennent des rabais sur les prix catalogues lorsqu'elles passent de grosses commandes et Howard Rubel estime la valeur nette de la commande à environ 6,5 milliards de dollars.

La méga-commande risque cependant de compliquer encore un peu plus le projet d'Airbus de lancer une version plus grande de 400 sièges de son A350 afin de concurrencer le 777-9, qui compte 406 sièges.

Singapore Airlines fut considérée comme un client de lancement potentiel pour le futur avion, mais Airbus a repoussé fin 2016 sa décision sur le démarrage de ce projet sur fond de pressions sur la demande de gros porteurs.

Le fait qu'Airbus ne soit pas prêt à faire une proposition définitive sur un nouvel avion, préférant compter sur l'A350-1000 de 366 sièges, pourrait l'avoir handicapé face à Boeing pour obtenir la commande de Singapore Airlines, a estimé une source sectorielle.

"Notre priorité est de certifier et d'assurer l'entrée en service de l'A350-1000", a déclaré un porte-parole d'Airbus, ajoutant que les deux modèles existants représentaient une "bonne plate-forme" pour les besoins des compagnies.

CLIENT DE LANCEMENT

Les grosses commandes passées par SIA et l'extension de certains ses contrats de couverture de kérosène jusqu'à des échéances de cinq ans montrent qu'elle se positionne pour la prochaine phase de sa croissance, estime Shukor Yusof, analyste au sein du cabinet malaisien Endau Analytics.

"Ce qui fonctionne pour eux, c'est qu'ils ont de très gros moyens et qu'ils en consacrent une partie à remplacer leur flotte et également à regarder de nouvelles destinations", ajoute-t-il.

SIA fait face à une baisse de la demande sur le long-courrier dans un contexte de concurrence accrue des compagnies du Moyen-Orient.

La compagnie souligne que ce sera sa première commande de la dernière version du 777 actuellement en développement, le 777-9. SIA a déjà été le client de lancement du 787-10, lui aussi en cours de développement, avec une commande initiale de 30 avions passée en 2013 pour une livraison au cours de l'exercice 2018-19.

SIA est un client de longue date de Boeing dont il exploite 50 modèles du 777 de la génération actuelle, tandis que ses filiales SilkAir, Scoot et SIA Cargo utilisent aussi des Boeing.

La compagnie exploite aussi des Airbus, dont l'A350-900, plus petit, et le quadrimoteur A380, dont certains pourraient être remplacés par des 777-9.

La croissance du marché des gros bimoteurs tient aux avancées des plus gros moteurs, entraînant une bataille entre l'américain General Electric, traditionnel allié de Boeing, et le britannique Rolls-Royce, fournisseur d'Airbus.

Mais c'est Rolls-Royce qui a remporté la commande de 1,7 milliard de dollars pour motoriser les 19 Dreamliner 787, tandis que GE est le seul fournisseur des moteurs du 777.

(Avec Shalini Nagarajan à Bangalore,; Cyril Altmeyer et Bertrand Boucey pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)

par Anshuman Daga et Tim Hepher