Si Total est la société française la plus fréquemment citée comme victime potentielle du retrait américain de l’accord sur le nucléaire iranien, Airbus figure aussi en bonne place. Fin 2016, Téhéran avait en effet signé une commande ferme portant sur 100 appareils, dont 46 monocouloirs de la famille A320 et 54 gros porteurs (des A330 et des A350), avec de premières livraisons programmées dès le début 2017. Le contrat représentait quelque 20,8 milliards de dollars aux prix catalogue (même si l’on sait pertinemment que les prix de vente réels sont très éloignés ce ces niveaux, puisque de rabais de plus de 50% peuvent intervenir, selon le type d’appareil).

90 jours de battement

Les premières indications fournies par le Trésor américain ne poussent guère à l’optimisme puisqu’il a précisé dès hier soir qu’aucune livraison d’avion ne serait plus autorisée après expiration d’une période de 90 jours. Les rêves de modernisation de la flotte d‘Iran Air ont donc du plomb dans l’aile. Airbus n’aura dans les faits aucun moyen de contourner le retour de l’embargo : ses appareils sont truffés de pièces américaines. Le rival Boeing va aussi s’assoir sur une commande de l’ordre de 16,6 milliards de dollars (aux prix catalogue), pour 80 appareils (50 B737MAX et 30 B777). Airbus veut prendre le temps de la réflexion avant de réagir officiellement. Boeing a pour sa part d’ores et déjà déclaré qu’il suivra la direction choisie par son gouvernement de tutelle. Le Secrétaire américain au Trésor, Steve Mnuchin a précisé que certaines compagnies pourraient obtenir des dérogations ou de nouvelles licences dans les trois prochains mois. Chaque dossier sera examiné au cas par cas. Mais à l’issue de cette période, il est peu probable que des Boeing ou des Airbus neufs parviennent jusqu'à Téhéran.

ATR aussi

Il ne faut pas non plus oublier ATR au rang des acteurs de l’aéronautique pénalisés. Le numéro un mondial des avions à hélices, codétenu par Leonardo et Airbus, avait scellé un accord portant sur 20 ATR 72-600 et 20 options pour des appareils identiques. Les quatre premiers « turboprop » ont été livrés il y a un an, le 16 mai 2017. L’industriel toulousain prévoyait d’achever la partie ferme du contrat avant la fin 2018. Il lui faudra peut-être accélérer la cadence pour y parvenir. Les options, elles, risquent de ne jamais être levées.