La Serious Fraud Office (SFO), chargé de la lutte contre les délits et crimes économiques en Grande-Bretagne, a ouvert à l'été 2016 une enquête au Royaume-Uni sur des soupçons d'irrégularités concernant le recours à des consultants pour la vente à l'export d'avions civils Airbus.

Cette enquête avait été lancée à l'initiative de l'avionneur européen lui-même, qui avait transmis aux autorités britanniques le résultat d'une revue interne montrant des "omissions et des fausses déclarations" dans certains de ses documents.

En mars, Airbus a dit avoir été informé de l'ouverture d'une enquête préliminaire par le parquet national financier français en lien avec l'enquête du SFO. En avril, le parquet de Vienne a annoncé qu'il avait ouvert une enquête sur Tom Enders sur des soupçons d'escroquerie liés à un contrat passé en 2003 avec l'Autriche pour l'achat d'avions de combat Eurofighter.

Le président exécutif d'Airbus ainsi que l'avocat du groupe John Harrison ont fait l'objet de vives critiques en interne pour avoir ouvert les vannes permettant les enquêtes des autorités, certains y voyant une manoeuvre de réglement de comptes.

"Ces décisions furent prises avec le soutien unanime du conseil et les mesures furent toutes mises en oeuvre par Tom Enders, le président exécutif de l'entreprise", assure cependant Airbus dans un communiqué.

"Le conseil a pleinement confiance en Tom Enders et compte sur sa direction pour poursuivre la transformation de la société et, en particulier, notre programme de mise en conformité aux règles ('compliance'), aux côtés de John Harrison."

ENQUÊTE DU CONSEIL SUR L'ÉQUIPE DIRIGEANTE

La semaine dernière, dans une lettre adressée au personnel, Tom Enders a dit que l'avionneur allait au-devant d'une "période turbulente et déroutante" en raison des enquêtes anti-corruption menées en France et au Royaume-Uni.

Vers 13h55, le titre Airbus perd 0,27% à 77,78 euros, enchaînant à ce stade de la séance sa sixième baisse d'affilée, une séquence liée à l'émergence d'informations relatives aux enquêtes anti-corruption.

Depuis le cours de clôture du 4 octobre, l'action a perdu plus de 5%, ce qui ramène sa hausse depuis le début de l'année à quelque 24%.

"Nos enquêtes internes se poursuivent et nous, le conseil aussi bien que la direction, sommes résolus à rendre public tous les cas où une violation de règles a eu lieu et de corriger les procédures et les comportements qui ont permis ces transgressions", précise Airbus dans un communiqué.

"Nous le faisons en pleine et transparente coopération avec les enquêtes des autorités de l'Etat, menées par la Serious Fraud Office (SFO) en Grande-Bretagne et par le Parquet national financier (PNF) en France."

Une source a noté que le conseil d'Airbus avait procédé à une enquête indépendante concernant l'équipe dirigeante d'Airbus avant de lui accorder sa confiance et lui permettre de finaliser le programme de mise en conformité.

L'évaluation des dirigeants de l'avionneur s'est déroulée au cours de l'été et avait pour but de déterminer s'ils avaient joué le moindre rôle dans l'émergence des risques pesant sur l'entreprise, a ajouté la source, soulignant qu'aucune preuve en la matière n'avait été trouvée.

Cette décision du conseil de mener sa propre enquête illustre les efforts entrepris pour arriver à une certaine stabilité en interne après des mois de tensions, poursuit la source.

(Benoit Van Overstraeten pour le service français, édité par Gwénaëlle Barzic)

par Tim Hepher