Paris (awp/afp) - Delta Air Lines a passé à Airbus une commande ferme de 100 avions moyen-courriers A321neo pour un montant de 12,7 milliards de dollars au prix catalogue, un gros camouflet pour Boeing qui fondait beaucoup d'espoirs sur ce gros contrat.

Dans un communiqué publié jeudi, la compagnie aérienne indique avoir également pris une option pour 100 appareils supplémentaires.

Cette commande tombe en plein conflit commercial entre Washington et Ottawa impliquant Bombardier, un constructeur d'avions canadien.

Boeing s'est notamment plaint auprès des autorités américaines de subventions publiques qui auraient été versées à Bombardier pour produire ses avions moyen-courriers CSeries, vendus à perte, selon lui, à Delta.

Le début des livraisons des avions commandés jeudi, équipés de nouveaux réacteurs Pratt & Whitney dont les retards de production ont pourtant déjà coûté des contrats à Airbus, est prévu pour 2020 jusqu'en 2023.

Delta explique que ces avions pouvant transporter jusqu'à 197 passagers et faire consommer 12% moins de kérosène comparé aux A321 classiques, vont lui permettre de renouveler sa flotte de moyen-courriers. Les A321 Neo vont en effet remplacer des McDonnell Douglas MD (un constructeur racheté par Boeing en 1997), des 757 (Boeing) et des Airbus A320.

"C'est la transaction idoine tombant au bon moment pour nos clients, nos employés et nos actionnaires", a affirmé Ed Bastian, le PDG de Delta, cité dans le communiqué.

"Nous nous sommes battus avec une bonne offre et avec discipline pour cet appel de Delta. Même si Delta a opté pour Airbus et Bombardier dans les récents appels d'offres sur les monocouloirs, nous sommes fiers de la valeur et de la performance supérieures de la famille 737 Max" sur les programmes rivaux, a réagi Boeing.

L'avionneur, qui espérait vendre le dernier-né du 737 MAX, le 737 Max 10, ajoute qu'il va "continuer à explorer les meilleurs moyens pour répondre aux besoins de Delta dans l'avenir".

"ABSURDE"

La dernière grosse commande de la compagnie aérienne à Boeing remonte en 2011 quand elle s'était engagée à acheter 100 appareils 737-900 ER. Depuis, elle s'est davantage tournée vers Airbus à qui elle a commandé en 2014 50 gros porteurs pour un prix catalogue de 14 milliards de dollars.

Le contrat annoncé jeudi accroît non seulement la part de marché d'Airbus dans le segment des monocouloirs mais souligne également les tensions actuelles entre Delta et Boeing.

Boeing a hérissé récemment Delta en obtenant de l'administration du président Donald Trump l'imposition de taxes sur les CSeries (100 à 160 places) de Bombardier vendus aux Etats-Unis et que les Etats-Unis accusent de profiter de subventions publiques.

La plainte de Boeing a entraîné l'imposition des droits préliminaires de 220% sur ces avions CSeries importés aux Etats-Unis, ainsi qu'une taxe antidumping de 80%. Delta a déjà commandé 75 exemplaires de ces appareils.

"Nous ne paierons pas les taxes (...) c'est très clair", avait répliqué en octobre Ed Bastian, jugeant le conflit "irréaliste" et "absurde" parce que, expliquait-il, Boeing ne disposait pas d'un avion concurrent au CSeries au moment où Delta avait passé sa commande.

Pour contourner les sanctions commerciales, Bombardier a noué récemment une alliance avec Airbus, qui détient une ligne d'assemblage à Mobile (Alabama, sud des Etats-Unis) où seront fabriqués les CSeries à destination des clients américains et qui devraient ainsi éviter l'imposition des taxes annoncées par Washington.

afp/buc