(Actualisation: réaction de marché, commentaires d'analystes, contexte)

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Emirates (EA.YY) apporte au programme A380 d'Airbus (>> Airbus SE) une bouffée d'oxygène dont il avait tant besoin. Le groupe aéronautique européen a annoncé que la compagnie dubaïote avait signé jeudi un protocole d'accord portant sur l'acquisition de 36 avions super jumbo d'Airbus, qui peinait jusqu'à présent à enregistrer de nouvelles commandes.

Le protocole, d'un montant de 16 milliards de dollars (13 milliards d'euros) au prix catalogue, porte précisément sur un engagement d'achat de 20 appareils A380 avec une option sur 16 modèles supplémentaires du long-courrier d'Airbus avec une première livraison d'ici à 2020. La transformation de ce protocole d'accord en contrat devrait avoir lieu "d'ici à les deux prochains mois", a expliqué un porte-parole à l'agence l'Agefi Dow-Jones.

Airbus rencontrait jusqu'à présent d'importantes difficultés sur son A380. Lors de la présentation des résultats commerciaux lundi, la direction du groupe avait indiqué avoir décidé de réduire la production de son gros porteur à 12 unités en 2018 puis 9 en 2019, après 15 en 2017.

John Leahy, l'emblématique directeur commercial d'Airbus, avait reconnu la dépendance de l'A380 envers Emirates, qui représente près de la moitié des commandes du super jumbo. Il avait ainsi déclaré que sans nouvelle commande de la part de la compagnie dubaïote, Airbus n'aurait "d'autres choix que d'arrêter le programme".

Après les Emirats, cap sur la Chine

Ce jeudi, le "super VRP" d'Airbus a réitéré sa confiance sur l'avenir du gros porteur d'Airbus. "Je suis personnellement convaincu que d'autres commandes vont suivre celles d'Emirates", a-t-il déclaré.

La semaine dernière, lors d'une visite diplomatique en Chine, le président de la République Emmanuel Macron avait pour sa part indiqué que la France entendait vendre des A380 à la chine dans les semaines ou les mois à venir.

Une commande qui ne règle pas tout

Le marché a réagi positivement à l'annonce du protocole d'accord avec Emirates. Airbus prenait ainsi 0,8% à 90,45 euros jeudi en fin d'après-midi. "A court terme, cette commande permettra d'augmenter un peu la cadence de production sur l'A380", juge un analyste qui avait calculé que, sans cette nouvelle commande, "le programme A380 serait quasi-déficitaire pour Airbus cette année". "Néanmoins à long terme, sans nouvelles commandes, la question de la compétitivité de ce programme se posera à nouveau", ajoute cet intermédiaire financier. Le président de la division aéronautique d'Airbus, Fabrice Brégier, avait indiqué lundi qu'Airbus pouvait abaisser sa cadence de production "jusqu'à 6 par an".

Airbus a toujours affiché sa confiance dans l'A380. John Leahy, qui quittera prochainement le groupe pour céder sa place à Eric Schulz, actuellement président de la division aérospatial de Rolls-Royce, avait déclaré lundi que "le temps viendra pour l'A380", grâce notamment à la forte croissance du trafic aérien, qui créera de la congestion dans les aéroports et incitera les passagers à voyager dans de plus grands avions.

-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; 01 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: ECH

Valeurs citées dans l'article : Electronic Arts, Airbus SE