A 12h52, l'action de l'avionneur européen s'envole ainsi de 10,5% à 93,01 euros, affichant de loin la plus forte hausse du CAC 40, lui-même en progression de 1,39%, et du Stoxx 50 (+0,62%).

Cette progression, qui porte à 12% les gains de la valeur depuis le début de l'année (contre -1,5% pour le CAC 40 sur la période), intervient malgré la possibilité évoquée par le groupe de voir l'enquête menée en France et en Grande-Bretagne sur des soupçons de corruption dans l'aviation civile être étendue aux Etats-Unis.

Airbus a dégagé un bénéfice opérationnel ajusté en hausse de 8%, à 4,253 milliards d'euros, au titre de 2017, sur un chiffre d'affaires de 66,767 milliards, quasiment stable. Les analystes financiers interrogés par Reuters avaient anticipé en moyenne un résultat de 3,996 milliards d'euros et des ventes de 67,343 milliards.

Le flux de trésorerie disponible a été multiplié par plus de deux, à 2,949 milliards. Pour 2018, Airbus a dit tabler sur une progression de son résultat d'exploitation ajusté de quelque 20% et sur un flux de trésorerie stable par rapport à 2017.

"L'élément le plus important pour nous et pour beaucoup d'autres c'est la trésorerie et celle-ci a été supérieure de 34% aux attentes", souligne Phil Buller, analyste chez Barclays.

Interrogé sur sa succession lors d'une conférence de presse, Tom Enders, le président exécutif d'Airbus dont le second mandat ne sera pas renouvelé en avril 2019, a déclaré que cette décision appartenait au conseil d'Airbus, alors que Le Figaro évoque notamment le nom de l'ex-patron d'Air France-KLM Alexandre de Juniac.

AUGMENTATION DES CADENCES DE PRODUCTION

Airbus, qui propose un dividende en hausse de 11% au titre de 2017 à 1,50 euro, envisage d'augmenter de 17% les cadences de production des avions de la famille A320 - ceux que le groupe vend le plus - pour les porter à 70 par mois.

Airbus renouvelle sa famille d'avions A320, les dotant notamment de nouveaux moteurs afin de les rendre plus économes en carburant, mais il est affecté par des délais de livraison de la part de ses fournisseurs, le motoriste américain Pratt & Whitney (groupe United Technologies en tête.

Le groupe a réaffirmé son objectif annoncé il y a un mois de livrer quelque 800 avions en 2018 - contre 718 l'an dernier - sous réserve toutefois "que les motoristes respectent leurs engagements".

Airbus est en train d'évaluer l'impact d'un problème détecté la semaine dernière sur certains moteurs GFT de Pratt & Whitney équipant les A320neo, tout en faisant également état de retards dans les moteurs pour le même avion fabriqués par CFM - coentreprise entre General Electric et Safran.

Le groupe, qui espère rattraper d'ici 2020 son grand rival Boeing en termes de livraisons, ajoute avoir enregistré des "progrès notables" en termes d'accélération de la montée en cadence de son gros porteur A350, soulignant que "le programme est en bonne voie pour atteindre son objectif de production de 10 exemplaires par mois d'ici la fin 2018".

Tom Enders a ajouté que l'avionneur européen déciderait cette année d'une éventuelle augmentation de la production de l'A350, le concurrent direct du 787 Dreamliner de Boeing, disant qu'il était "évident que la demande était là".

La nouvelle provision sur l'A400M intervient une semaine après la conclusion par Airbus d'un accord avec les pays de l'Otan qui ont commandé des A400M (Allemagne, France, Royaume-Uni, Espagne, Turquie, Belgique, Luxembourg) concernant de nouveaux retards dans le développement de l'appareil.

"Ceci n'est pas une bonne chose mais nous progressons dans tous les domaines", a déclaré Tom Enders, président exécutif d'Airbus au sujet de la provision, ajoutant que l'accord avec les clients gouvernementaux allait sensiblement réduire les "risques résiduels du programme".

Airbus dit également avoir conclu avec les agences européennes de crédit export un accord permettant au constructeur d'obtenir "au cas par cas, des financements au profit des clients de l'ensemble du groupe".

Ces financements avaient été suspendus à la suite d'allégations de fraude, de pots-de-vin et de corruption découverts en 2016, qui ont donné lieu à l'ouverture d'enquêtes aussi bien en France qu'en Grande-Bretagne.

A ce sujet, Airbus a précisé que les autorités américaines lui avaient demandé de fournir des informations en lien avec ces enquêtes menées par le Parquet national financier (PNF) français et le Serious Fraud Office (SFO) britannique, ce qui fait planer la menace d'un front judiciaire aux Etats-Unis.

(Avec la contribution de Sudip Kar-Gupta, édité par Jean-Michel Bélot)

par Benoit Van Overstraeten et Tim Hepher

Valeurs citées dans l'article : Airbus SE, Boeing Company (The)