Le prochain round du duel entre Airbus et Boeing aura lieu d’ici la fin du mois avec la publication des trimestriels des deux industriels, le 25 avril pour l’américain et le 27 avril pour l’européen. Mais l’affrontement s’annonce déséquilibré car les résultats d’Airbus seront probablement grevés par des éléments saisonniers, notamment les soucis de livraison des A320neo causés par les déboires des réacteurs fournis par P&W. Boeing n’a pas été épargné non plus par les problèmes de montée en puissance de sa gamme B737MAX, mais a plutôt bien su gérer les hauts et les bas en jouant sur la souplesse de lignes de production moins tendues que celles de son rival. Sur la base des seuls résultats du premier trimestre, la victoire ira certainement à l’Américain, même si la période s’annonce la moins prolifique de l’année pour les deux entreprises.

A plus long terme cependant, les analystes croient au potentiel d’Airbus. Evidemment, il faudra que le groupe solde son passif. Et la liste est longue comme un jour sans pain : A400M, réacteurs des A320neo, enquête anticorruption, manque de commandes sur les gros porteurs, retard de certification de l’A350 en Chine, gestion de l’après-Enders… Mais les spécialistes s’accordent à dire que le levier sur les résultats sera très conséquent une fois les problèmes résolus (notamment le triptyque A400M, A350, A320neo), ce qui amène à un horizon d’investissement de deux ans environ.

Une croissance sans fin ?

Il y a quelques semaines, Bernstein avait publié une vaste étude titrée « Airbus est-il le futur Boeing ? »… la réponse était plutôt oui, ce qui pourrait permettre à l’Européen de réduire sa décote sur l’Américain. A plus court terme, la banque américaine juge que Boeing dispose de plus beaux atours, mais qu’Airbus est plus intéressant sur la base des cash-flows attendus en 2020-2021. Globalement, il recommande les deux dossiers à l’achat, car ils peuvent s’appuyer sur un marché sous-jacent en croissance structurelle et une profondeur de carnet de commandes inégalée. En outre, le duopole a encore de beaux jours devant lui au regard des dernières consolidations en cours de discussion (Airbus avec Bombardier, Boeing avec Embraer) et du temps qu’il faudra à la concurrence naissante en Chine et en Russie pour émerger, si toutefois elle y parvient. Le curseur est placé par Bernstein à 124 EUR sur Airbus et à 422 USD sur Boeing.

Sur notre Market Screener, les deux valeurs sont particulièrement bien placées. Si l’Européen souffre de la comparaison sur le front de la qualité des publications et de l’évolution récente du consensus des attentes, il est mieux positionné que son rival en matière de valorisation.