Le groupe européen d'aéronautique et de défense a remis lundi au parquet de Vienne un avis juridique dans lequel il "récuse formellement" ces accusations.

Il dénonce en outre les accusations formulées publiquement par le ministre autrichien de la Défense, Hans Peter Doskozil.

"Airbus critique (...) la manière hautement contestable de procéder du ministre de la Défense lors du dépôt de plainte et sa politique d'information axée sur une présomption de culpabilité qui constituent des atteintes aux droits économiques et sociaux fondamentaux", écrit Airbus dans un communiqué.

"Les Eurofighter ont été livrés conformément à la commande de l'Autriche", affirme encore le groupe européen. "L'Autriche n'a pas été trompée sur la capacité de livraison et les coûts des opérations de compensation et aucune erreur n'existait à ce sujet."

L'Autriche a déjà engagé en février des poursuites contre Airbus et le consortium Eurofighter, pour tromperie et escroquerie présumées sur ce contrat.

Airbus est notamment accusé d'avoir trahi son engagement à recourir à des sous-traitants locaux dans le cadre du contrat de 2003, remporté par le groupe européen aux dépens de Saab et de Lockheed Martin.

En plus d'Airbus, le britannique BAE Systems et l'italien Leonardo font également partie du consortium Eurofighter.

Une commission d'enquête parlementaire qui a enquêté sur le contrat de 2003 doit rendre mardi son rapport final.

Airbus a déjà des contentieux avec des gouvernements européens, en Allemagne notamment, mais la violence de celui avec l'Autriche n'a pas de précédent.

Le ministère de la Défense envisage d'exclure l'avionneur d'un prochain appel d'offres pour 12 hélicoptères militaires et sa décision d'accélérer l'arrêt de son programme Eurofighter a mis de l'huile sur le feu.

Hans Peter Doskozil est toutefois fragilisé par l'approche des élections législatives anticipées du 15 octobre, à l'issue desquelles le ministre social-démocrate risque fort de perdre son portefeuille.

Airbus fait aussi l'objet d'enquêtes en France et au Royaume-Uni sur des accusations de corruption liée à des ventes d'avions.

(Kirsti Knolle à Vienne, Bertrand Boucey et Véronique Tison pour le service français)

Valeurs citées dans l'article : Airbus SE, Lockheed Martin Corporation, Leonardo, Saab AB, BAE Systems