Fin avril, l'avionneur a en effet prévenu qu'il allait réduire la production de l'A330 en 2019 à la suite d'échecs cuisants face à son rival Boeing, tout en prévoyant d'augmenter encore la production de son avion vedette, le court-courrier A320..

Le départ d'Harald Wilhelm, âgé de 52 ans, devrait intervenir en même temps que celui de Tom Enders, l'actuel président exécutif d'Airbus, et complètera une série qui marque la fin d'une ère au sein de la direction du groupe.

Le groupe avait dit mi-décembre que Tom Enders ne briguerait pas de troisième mandat après avril 2019. Ce départ fera suite à ceux de Fabrice Brégier, le patron d'Airbus Commercial, en février, du responsable de la stratégie Marwan Lahoud début 2017, ainsi que ceux du directeur commercial John Leahy et du directeur de la technologie Paul Eremenko.

A 10h35, le titre Airbus perd 1,49% à 97,97 euros, accusant la plus forte baisse d'un CAC 40 lui-même en léger repli (-0,1%). A ce niveau, le titre reste non loin de son record de 100,42 euros atteint la semaine dernière et en progression de plus de 18% depuis le début de l'année, contre +4,2% pour le CAC 40 sur la période.

Au vu du repli de l'action, un courtier a noté qu'Harald Wilhelm était très apprécié dans le secteur, ajoutant que son départ était de ce fait vu comme une perte pour Airbus.

L'IRAN ET L'EURO PLUS QUE LE DIRECTEUR FINANCIER

Deux gérants de fonds ont cependant observé, d'un côté, que ce départ était largement attendu dans la foulée de celui de Tom Enders et, de l'autre, que l'accès de faiblesse du titre était davantage le reflet de préoccupations plus larges, comme le sort des contrats passés par le groupe en Iran et la vigueur de l'euro.

"Cela aurait été plus inquiétant si Harald Wilhelm avait démissionné avec effet immédiat mais il ne part que l'an prochain ce qui donne amplement le temps à Airbus de lui trouver un successeur", a dit Jérôme Schupp, gérant de fonds chez Prime Partners, qui précise privilégier les titres Boeing à ceux d'Airbus.

Ion-Marc Valahu (Clairinvest) rappelle la taille des commandes iraniennes et le danger de voir un euro fort peser sur la compétitivité des entreprises européennes.

La compagnie nationale IranAir a commandé une centaine d'appareils au constructeur aéronautique européen pour un montant de 20,8 milliards de dollars (17,5 milliards d'euros) sur la base des prix catalogue. Sur cette même base, les commandes passées par Téhéran à Boeing s'élèvent à $17 milliards (€14,3 milliards).

Ce contrat, ainsi que ceux passé par d'autres entreprises européennes avec l'Iran, pourrait être remis en cause par la décision des Etats-Unis de se retirer de l'accord nucléaire iranien, qui va de pair avec un rétablissement des sanctions américaines.

Harald Wilhelm a passé 27 ans au sein de l'entreprise, a souligné Airbus, dont les 10 dernières en tant que directeur financier de la division aéronautique civile et, en plus de cela, les six dernières en tant que directeur financier du groupe.

Denis Ranque, président du conseil d'administration d'Airbus, a précisé dans un communiqué que le groupe commençait dès à présent la quête d'un nouveau directeur financier, notant qu'une annonce serait faite "en temps voulu".

Il y a moins d'un mois, Airbus avait dit qu'il entendait nommer un nouveau président exécutif à la fin de l'année.

(édité par Jean-Michel Bélot)

par Sudip Kar-Gupta et Benoit Van Overstraeten