Cette réorganisation simplifiera la gamme de produits, dopera la croissance et servira aux actionnaires une plus-value exonérée tirée des nouvelles entités issues de la scission, a expliqué le directeur général Darius Adamczyk.

Le conglomérat industriel pourra aussi réaligner ses nouveaux pôles d'activité suivant les désidératas du fonds spéculatif Third Point Capital, qui réclamait depuis avril une scission du segment aéronautique et espace.

Le fonds s'est dit satisfait des changements et a apporté son soutien à la gestion d'Adamczyk.

"Nous avons deux nouvelles entreprises fascinantes qui peuvent, je le crois, croître à un rythme accéléré", a dit le directeur général, faisant référence aux scissions, qui doivent être achevées dès cette année.

"Je suis très tenté par des fusions et acquisitions (M&A)pour l'ensemble de nos quatre segments (restants), a-t-il poursuivi. "Et je pense que ces deux scissions (...) me donnent différentes opportunités d'investir nos dollars de M&A".

Les analystes ont salué ces changements mais ils disent qu'il en faut encore. En particulier, énoncent-il, le segment aéronautique et espace, qui produit aussi bien des moteurs d'avion que des systèmes WiFi embarqués, devra peut-être trouver un partenaire de fusion pour pouvoir lutter à armes égales avec des concurrents plus gros.

Une scission de ce pôle ou une fusion avec celui de General Electric permettrait à Honeywell de mieux concurrencer United Technologies et de devenir un "fournisseur de plus grand poids de Boeing et d'Airbus", observe Scott Davis, analyste de Melius Research. "C'est une opération qui vaut le coup d'être examinée".

Darius Adamczyk, à l'exemple des autres dirigeants de conglomérats industriels, est pressé par certains actionnaires de rationaliser un portefeuille d'activités disparate qui varie dans son cas des turbocompresseurs aux alarmes antivol en passant par les bottes Xtratuf, très prisées par l'industrie de la pêche d'Alaska.

STABILISATION DE L'ACTION

En conservant son pôle aéronautique et espace, Honeywell a opposé une fin de non recevoir aux exigences de Third Point qui réclamait la scission d'activités représentant 36% environ du chiffre d'affaires total de 2016 et qui, selon le fonds, auraient pu rapporter dans les 20 milliards de dollars aux actionnaires si elles avaient été vendues.

Honeywell, qui avait annoncé avant l'ouverture de Wall Street les conclusions d'un réexamen de ses activités, opèrera d'ici la fin de 2018 la scission de ses pôles transports et systèmes de protection et de sécurité, logés dans deux entités cotées distinctes.

Ces deux segments représentent un chiffre d'affaires annualisé de 7,5 milliards de dollars (6,4 milliards d'euros) et Honeywel estime qu'il dégagera une plus-value de trois milliards de dollars sur cette scission.

Le scission des turbocompresseurs est symptomatique d'une tendance de l'industrie, automobile en particulier, à s'éloigner des technologies adaptées aux moteurs à explosion, jugés trop polluants, alors que les technologies électriques ont au contraire le vent en poupe.

La nouvelle entité regroupant les systèmes de protection et de sécurité absorbera également les produits de chauffage et de climatisation.

Honeywell, qui doit publier ses comptes trimestriels le 20 octobre, a également relevé de cinq cents le bas de son objectif de bénéfice annuel 2017 à 7,05-7,10 dollars par action, hors revalorisation éventuelle des retraites au prix du marché. Le consensus Thomson Reuters I/B/E/S donne un BPA de 7,09 dollars.

Il anticipe également un BPA de 1,75 dollar au troisième trimestre, supérieur de deux cents au consensus, ainsi qu'une croissance organique de 5% - et non plus de -1% à +1%, sur un chiffre d'affaires de 10,1 milliards de dollars

L'action se stabilisait à Wall Street, ne perdant plus qu'un peu plus de 0,1% vers 17h00 GMT, alors qu'elle avait cédé jusqu'à plus de 2% auparavant.

(Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Véronique Tison)

par Arunima Banerjee et Alwyn Scott