Avec ce rachat, United Technologies devient l'un des premiers fabricants mondiaux de pièces pour l'aéronautique civile et militaire.

Le groupe de Farmington (Connecticut) versera 140 dollars par action Rockwell Collins, dont 93,33 dollars en cash et 46,67 dollars en action.

Ce prix d'achat représente une prime de 17,6% par rapport au cours de Rockwell Collins avant le 4 août (119 dollars), date à laquelle les premières rumeurs de fusion ont circulé.

Le prix d'acquisition valorise au total Rockwell Collins à 30 milliards de dollars, soit une valeur entreprise de 23 milliards de dollars et un passif de sept milliards.

Le titre du groupe de Cedar Rapids (Iowa) a clôturé à 131 dollars mardi à Wall Street, en hausse de seulement 0,3% sur sa clôture de vendredi, tandis qu'United Tech a perdu 5,69%. La Bourse new-yorkaise était fermée lundi pour cause de Labor Day.

L'annonce par United Tech qu'il suspendait ses programmes de rachat d'actions pendant trois à quatre ans en conséquence de cette acquisition a pesé sur le titre dès l'ouverture.

Le groupe a ajouté qu'il continuerait de verser des dividendes après cet achat, lequel serait financé par de la dette à hauteur de 15 milliards de dollars.

Mais l'annonce par Boeing qu'il exercerait ses droits contractuels et userait de son influence sur les législateurs pour "protéger" ses intérêts et ceux du secteur aéronautique, a provoqué une aggravation des pertes d'UTX.

L'accord prévoit que Rockwell Collins, spécialisé dans l'avionique et les intérieurs pour cabines, et le pôle aéronautique d'United Tech, qui inclut notamment moteurs d'avions, cockpits, systèmes de ventilation et tous les appareils mécaniques utilisés dans l'aviation, donneront naissance à une entité baptisée Collins Aerospace Systems.

"Cette acquisition apporte d'énormes capacités supplémentaires à nos activités aéronautiques et renforce notre offre complémentaire de systèmes aéronautiques technologiquement avancés", a commenté le PDG Greg Hayes, dans un communiqué.

"Ensemble, Rockwell Collins et UTC Aerospace Systems apporteront une nouvelle valeur à la clientèle dans un secteur aéronautique en rapide évolution en fabriquant des aéronefs plus intelligents et plus connectés", a-t-il ajouté.

FOURNISSEURS CONTRE AVIONNEURS

La création de ce nouveau géant parmi les fournisseurs de pièces aéronautiques survient à un moment où Boeing et Airbus s'emploient à capturer une part plus importante des bénéfices réalisés par leurs fournisseurs.

Les deux avionneurs incitent ces derniers à baisser leurs prix et cherchent à se placer sur le créneau à forte marge des pièces de rechange. En juillet dernier, Boeing a ainsi annoncé la création de son propre département d'avionique.

Si les avionneurs "prennent une part plus importante du marché des pièces de rechange, nous devrons réfléchir à la façon dont nous fixons nos prix", constatait Greg Hayes en juillet.

En élargissant sa gamme de produits, United Technologies devrait toutefois se doter d'arguments pour résister à de telles pressions.

Les moteurs Pratt & Whitney du conglomérat sont utilisés par Airbus, Bombardier, Embraer et d'autres avionneurs. Le groupe fabrique également les moteurs de l'avion de combat F-35 Joint Strike Fighter de Lockheed Martin.

UTC et Rockwell Collins ont négocié leur accord pendant un mois. Leur chiffre d'affaires cumulé dépassera les 62 milliards de dollars (52,1 milliards d'euros). A titre de comparaison, celui de Boeing atteint 95 milliards de dollars.

United Technologies prévoit de boucler l'acquisition au troisième trimestre 2018. Le conglomérat, dont la valorisation boursière s'élève à 94,2 milliards de dollars, possède également les ascenseurs Otis et les climatiseurs Carrier. Rockwell Collins est valorisé sur le marché à 21,2 milliards de dollars.

La semaine dernière, Airbus a dit espérer que le projet de fusion ne détournerait pas UTC de ses priorités opérationnelles.

La filiale moteurs d'United Technologies, Pratt & Whitney, a eu des problèmes avec la chaîne logistique de son nouveau moteur Geared Turbofan qui a entraîné des retards pour le nouvel A320 neo d'Airbus.

Greg Hayes a également dit mardi qu'il n'était pas pressé de procéder à des cessions d'actifs à la suite de son acquisition, expliquant qu'il avait besoin des cash flows de toutes ses divisions et filiales pour diminuer son endettement et conserver se notation en catégorie d'investissement.

(Avec Lewis Krauskopf, Tim Hepher et Mike Stone, Jean-Stéphane Brosse et Juliette Rouillon pour le service français)

par Alwyn Scott