* Washington bloque le rachat par FGC

* Aixtron devra se restructurer avec l'annulation du projet

* Les analystes doutent de l'avenir d'Aixtron comme société indépendante

* L'action a perdu 0,73% (Actualisé avec le décret d'Obama bloquant le rachat des activités US d'Aixtron)

par Matthias Inverardi et Harro Ten Wolde

FRANCFORT, 2 décembre (Reuters) - Le président américain Barack Obama a publié vendredi un décret qui empêche le chinois Fujian Grand Chip Investment Fund (FGC de racheter les actifs américains de l'équipementier des semi-conducteurs allemand Aixtron, bloquant ainsi la fusion envisagée entre les deux groupes.

Dans un communiqué, le département du Trésor précise que la Maison blanche a suivi les recommandations de la Commission des investissements étrangers aux Etats-Unis (CFIUS), qui s'était prononcée le mois dernier pour un rejet de l'accord entre Aixtron et FGC pour des raisons de sécurité.

"Le CFIUS et le président estime que la transaction fait peser un risque sur la sécurité nationale des Etats-Unis qui ne peut être résolu (...)", poursuit le département du Trésor.

Avant la décision de Barack Obama, un porte-parole d'Aixtron avait dit que l'accord de rachat serait annulé si le président américain venait à le bloquer formellement.

L'action Aixtro, qui a perdu jusqu'à 7,5% en séance dans l'anticipation de cette décision, a finalement terminé sur un repli de 0,73% contre -0,96% pour l'indice regroupant les valeurs technologiques européennes.

Aixtron avait déjà déclaré auparavant qu'il serait obligé de supprimer des emplois et de réduire la voilure si le projet était remis en cause. Le groupe employait 713 personnes à la fin du troisième trimestre, soit 5% de moins qu'il y a un an.

Les Etats-Unis sont surtout préoccupés par l'accès de la Chine à la production de nitrure de gallium, un composé chimique utilisé dans les diodes électroluminescentes (LED), les radars, les antennes et les lasers, ont dit des sources du secteur de la sécurité.

Geng Shuang, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a déclaré vendredi à la presse que l'opération relevait d'"une activité commerciale normale" et que Pékin espérait qu'une intervention politique n'allait pas interférer dans la transaction.

INQUIÉTUDE POUR LES M&A DANS LE SECTEUR

Un porte-parole du ministère allemand de l'Economie s'est refusé à tout commentaire, se contentant de déclarer que la décision américaine n'aurait aucun impact sur l'examen du projet par Berlin.

"Par principe, nous ne commentons pas les procédures d'examen des autorités américaines. Le propre examen du ministère de l'Économie est en cours et je n'ai pas de nouvelles informations", a-t-il dit, lors d'une conférence de presse.

La CFIUS ne justifie jamais ses décisions. Mais des sources avaient dit précédemment à Reuters qu'elle avait bloqué en janvier la vente à un consortium d'investisseurs chinois de la filiale Lumileds de Philips, d'un montant de 3,3 milliards de dollars (3,1 milliards d'euros), en raison de ses inquiétudes sur le nitrure de gallium.

Une autre source a dit à Reuters que la technologie de nanotubes d'Aixtron acquise lors du rachat en 2007 de Nanoinstruments était également un motif de préoccupation car les produits de cette société basée à Cambridge ont des applications militaires.

Certains analystes doutent de la capacité de survie d'Aixtron en l'absence d'un adossement à un investisseur aux épaules solides, en raison des surcapacités d'un marché dominé par des acteurs chinois.

Tim Wunderlich, analyste de la société de Bourse allemande Hauck & Aufhaeuser, avait dit en novembre, lorsqu'il est devenu évident que l'accord pourrait être bloqué, qu'Aixtron avait besoin d'un chevalier blanc en Europe ou aux États-Unis pour rester viable.

Dans le sillage d'Aixtron, d'autres sociétés de semi-conducteurs en Europe étaient également en repli en Bourse vendredi. ASML, la deuxième capitalisation européenne dans le secteur technologique, a cédé 1,49%, l'allemand Infineon 0,78% et le franco-italien STMicroelectronics 1,17%, en raison notamment des craintes d'un ralentissement dans les fusions et acquisitions après deux ans de consolidation du secteur. (avec Caroline Copley et Diane Bartz; Wilfrid Exbrayat et Claude Chendjou pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten)