Moscou (awp/afp) - Le gouvernement russe a décidé de reporter sine die la privatisation du producteur pétrolier Bachneft, l'une des mesures clés décidées par Moscou pour combler les pertes causées par la chute des prix du pétrole, rapporte mercredi la presse russe.

Cette décision constitue un revirement totalement inattendu alors que le ministère de l'Economie venait de recueillir les candidatures des entreprises intéressées et de procéder à une estimation pour cette opération de plusieurs milliards d'euros, jugée essentielle pour le budget.

Elle a été prise par le Premier ministre Dmitri Medvedev en accord avec le président Vladimir Poutine, ont indiqué plusieurs journaux citant la porte-parole du chef du gouvernement.

Contactés par l'AFP, ni le ministère de l'Economie ni les services de M. Medvedev n'avaient donné suite. L'action Bachneft s'effondrait de 11,37% vers 08H00 GMT à la Bourse de Moscou.

L'Etat russe, face à sa plus longue crise économique depuis plus de 15 ans, est confronté à l'effondrement de ses revenus tirés des ventes d'hydrocarbures, qui représentaient la moitié des rentrées budgétaires les années fastes.

Il a donc décidé de réduire sa participation dans plusieurs entreprises publiques dont Bachneft, groupe basé à Oufa (sud) privatisé une première fois au début des années 2000 et dont il a repris le contrôle il y a moins de deux ans à l'issue de poursuites controversées contre son propriétaire Vladimir Evtouchenkov.

Selon le journal RBK, le revirement du gouvernement s'explique par la conjoncture difficile sur les marchés, qui aurait abouti à un prix décevant. Elle intervient aussi après une intervention des autorités locales de Bachkirie, où est basé Bachneft, qui craignent que l'entreprise ne cesse de s'acquitter de certaines obligations sociales liées à son statut public, selon ce quotidien.

Pour le journal Kommersant, le report est lié par ailleurs à la lutte qui se jouait en coulisses entre Loukoïl, groupe privé donné favori pour la reprise de l'entreprise, et le géant public Rosneft.

Ce dernier, candidat au rachat, s'est attiré les critiques de hauts responsables gouvernementaux jugeant absurde sa participation dans la mesure où il est détenu à majorité par l'Etat.

Mais son influent patron Igor Setchine, proche de longue date de Vladimir Poutine, a prévenu qu'il ne retirerait pas cette candidature sans décret en ce sens du gouvernement.

L'ambitieux programme du gouvernement se limite donc pour l'instant à la vente en Bourse en juillet de 10% du producteur de diamants Alrosa pour un peu plus de 700 millions d'euros. L'opération la plus massive attendue est la vente de 19% de Rosneft mais elle n'a toujours pas été lancée et reste peu probable cette année.

afp/rp