L'équipementier télécoms, qui a toutefois continué à perdre de l'argent et à brûler de la trésorerie, a réitéré les objectifs de son plan Shift qui vise notamment un retour à une génération de trésorerie positive à horizon fin 2015.

Au troisième trimestre, le groupe franco-américain a signé une marge brute de 34,0% en amélioration de 210 points de base par rapport à la période correspondante l'an dernier.

Son chiffre d'affaires a pourtant reculé de 5,9% à données comparables sur la période pour s'établir à 3,25 milliards d'euros, sous l'effet d'une chute de 14,0% de ses ventes en Amérique du Nord.

"Nous continuons d'être sur la bonne voie pour améliorer notre rentabilité", a déclaré le directeur financier Jean Raby lors d'une conférence téléphonique avec des journalistes.

Si le marché tablait sur un chiffre d'affaires légèrement supérieur de 3,35 milliards d'euros, il anticipait en revanche une marge moins élevée aux environs de 32,2%, d'après les estimations de six analystes.

Lors d'une conférence téléphonique, Michel Combes a indiqué que la marge pourrait se situer autour de 33% voire légèrement au-dessus sur l'ensemble de 2014, avant une possible nouvelle amélioration en 2015 qui la porterait aux environs de 34%.

La performance est saluée en Bourse, le titre signant à 14h10 la plus forte hausse du CAC 40 avec un bond de 13,7% à 2,32 euros. Il regagne ainsi du terrain après avoir dévissé de 21% depuis fin juillet face aux inquiétudes sur l'impact du ralentissement de la demande Outre-Atlantique.

L'action Alcatel est ainsi en bonne voie pour enregistrer sa plus forte hausse sur une séance depuis octobre 2013.

"Un peu de soulagement enfin", estiment les analystes de Credit Suisse dans une note. "Nous pensons que le consensus du marché ne va probablement pas beaucoup évoluer mais après la baisse d'environ 25% depuis le début du troisième trimestre, il devrait y avoir un certain soulagement grâce à ces chiffres".

Un trader en poste à Paris met quant à lui en avant le retour à la croissance de la division clef du routage IP à +2,2% après un trou d'air de 7,0% au trimestre précédent. Sur l'ensemble de 2014, elle devrait enregistrer une croissance dans le haut de la fourchette de 0 à 10% ("high single-digit"), a précisé Michel Combes.

Le directeur financier d'Alcatel a expliqué l'amélioration de la marge par plusieurs facteurs, dont les réductions de coûts qui ont atteint 73 millions sur le trimestre, portant le total à 645 millions depuis le début de la mise en oeuvre du plan Shift.

L'équipementier a ainsi rempli aux deux tiers l'objectif qu'il s'est fixé de réduire ses coûts d'un milliard d'euros.

Alcatel a également récolté les fruits de sa stratégie consistant à mettre fin ou à réduire la part des contrats de "services gérés" jugés pas assez rentables.

Les coûts de restructuration du groupe, qui prévoit la suppression de 10.000 postes dans le monde, ont cependant continué de peser sur sa trésorerie.

Alcatel a encore brûlé 81 millions de cash sur la période et enregistré une perte nette part du groupe de 18 millions d'euros, toutefois sensiblement réduite par rapport au résultat négatif de 200 millions d'euros du troisième trimestre 2013.

COUP DE FREIN AUX ÉTATS-UNIS

Sur la période de juillet à septembre, Alcatel a été confronté comme ses concurrents à la baisse de la demande aux Etats-Unis qui représentent un tiers des revenus de l'équipementier.

Les deux plus gros opérateurs américains Verizon et AT&T ont ralenti la cadence après avoir engagé d'importants investissements pour rénover leurs réseaux face à l'explosion du trafic, conduisant plusieurs équipementiers à lancer des avertissement sur leurs résultats.

Dernier en date, le numéro un mondial Ericsson a prévenu vendredi dernier que le tassement de la demande outre-Atlantique créait une incertitude sur les facturations du quatrième trimestre.

Au cours des semaines passées, le titre Alcatel a fortement souffert en Bourse de ces inquiétudes qui avaient conduit plusieurs analystes à revoir en baisse leurs anticipations.

"Nous nous attendons à une activité saisonnière en termes de revenus conforme aux tendances historiques", a déclaré Jean Raby à propos de la fin d'année aux Etats-Unis, en se montrant également plutôt confiant pour 2015.

"Nous nous attendons à ce que les Etats-Unis restent un marché robuste et important pour nous à l'avenir", a-t-il dit, jugeant prématuré de fournir des projections plus détaillées.

Le directeur financier a par ailleurs précisé que la mise en Bourse de l'activité de câbles sous-marins était toujours en projet pour 2015 mais que le calendrier dépendrait des conditions de marché, actuellement difficiles pour les IPO.

* Le communiqué :

http://bit.ly/1nSgbhM

(Avec Alexandre Boksenbaum-Granier et Tricia Wright, édité par Dominique Rodriguez)

par Gwénaëlle Barzic