PARIS (Agefi-Dow Jones)-- Les actionnaires de l'équipementier ferroviaire Alstom réunis en assemblée générale mardi ont approuvé la fusion avec la division Mobilités de l'allemand Siemens.

L'ensemble des résolutions fixant les modalités de l'opération ont été largement avalisées par les porteurs d'Alstom.

Concrètement, Siemens apportera les titres de Siemens Mobility à Alstom et recevra en contrepartie 50,7% du capital de la nouvelle entité, baptisée Siemens Alstom, via une augmentation de capital réservée et effectuée par Alstom. Le groupe allemand disposera également de bons de souscription en actions (BSA) qui lui permettront d'augmenter sa participation de 2% d'ici à quatre ans au plus tôt.

Cette union entre les deux grands noms de l'industrie européenne a pour but de créer un poids lourds du rail et de peser face au mastodonte chinois CRRC. Après fusion, Siemens Alstom dégagera un chiffre d'affaires de 15,6 milliards d'euros contre plus de 26 milliards d'euros pour CRRC.

Avant le vote des actionnaires, le PDG d'Alstom Henri Poupart-Lafarge a encore défendu l'importance de cette fusion. "Siemens est très complémentaire d'Alstom, nous allons former un leader technologique dans tous les pays du monde et dans toutes les catégories technologiques", a-t-il notamment déclaré. Henri Poupart-Lafarge a aussi fait valoir que le projet de fusion remportait "une grande adhésion" au sein des équipes des deux groupes.

La prime de contrôle en question

La société de gestion de Phitrust et le cabinet de conseil Proxinvest avaient tous deux appelé les porteurs à s'opposer à ce projet de fusion. Phitrust avait plus spécifiquement appelé à voter contre les résolutions 13 et 14, portant spécifiquement sur les apports de Siemens, qui ont finalement été approuvées à plus de 99% par les actionnaires. Phitrust et Proxinvest ont dénoncé une prise de contrôle de la part de Siemens et jugent insuffisante la prime de contrôle implicite offerte aux actionnaires minoritaires via un dividende de 4 euros payé après la réalisation de la transaction.

Le conseil d'administration a répondu sur ce point à une question de Phitrust en affirmant que le niveau implicite de cette prime -- évalué entre 10 et 13% par Phitrust et Proxinvest -- était "en ligne" avec les pratiques actuelles, et que les actionnaires d'Alstom bénéficieraient de surcroît "de la création de valeur découlant des synergies (470 millions d'euros devant être réalisées quatre ans après la fusion, NDLR)".

La fusion entre les deux groupes doit également obtenir l'aval de plusieurs autorités notamment de la Commission européenne. Cette dernière a annoncé vendredi qu'elle ouvrait une enquête approfondie sur l'opération, s'inquiétant notamment d'une réduction de la concurrence dans les systèmes de signalisation. Elle doit rendre son avis le 21 novembre prochain.

Début juin, Alstom a jugé possible que sa fusion avec Siemens Mobility ait finalement lieu au premier semestre 2019, et non fin 2018 comme prévu initialement, du fait de procédures légales plus longues qu'estimé.

-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; 01 41 27 47 94; jmarion@agefi.fred : ECH

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