(Répétition avec actualisation sur la Corée du Nord et les élections allemandes d'une dépêche diffusée vendredi)

* La Fed a précisé le scénario pour les mois à venir

* L'évolution de l'inflation reste la principale inconnue

* Le resserrement en vue aux USA ne compromet pas la hausse des actions

* La remontée du dollar facilite la tâche de la BCE

* L'Espagne devient source d'inquiétude pour la zone euro

* La Corée du Nord reste un foyer d'instabilité

par Marc Angrand

PARIS, 25 septembre (Reuters) - Hausse du dollar et des rendements obligataires, renforcement des anticipations de remontée des taux, le tout sans provoquer de repli des actions: Janet Yellen, la présidente de la Réserve fédérale (Fed), peut être satisfaite de la réaction des marchés aux annonces de la banque centrale et à sa conférence de presse de mercredi.

Certes, fidèle à sa volonté de rendre le processus de normalisation de sa politique monétaire aussi prévisible et ennuyeux que possible, la Fed avait soigneusement préparé le terrain à l'annonce du lancement en octobre de la réduction de son bilan.

Mais elle a fait mieux en réaffirmant sa volonté de relever de nouveau les taux avant la fin de l'année, puis à trois reprises en 2018, un scénario que les marchés avaient remis en question ces dernières semaines.

Logiquement, la probabilité estimée d'une hausse du taux des "fed funds" en décembre est repassée à plus de 70% depuis mercredi, selon le baromètre FedWatch de CME Group, tandis que le dollar regagnait du terrain face aux autres grandes devises et que les rendements des Treasuries remontaient, le tout sans perturber les actions puisque le Dow Jones a inscrit un nouveau record juste après la conférence de presse de Janet Yellen.

Un accueil des marchés si calme et mesuré qu'il étonne certains observateurs. "Je suis un peu surpris par la faible réaction des marchés, notamment des marchés de taux: puisque la Fed prévoit quatre hausses de taux d'ici fin 2018, la réaction devrait logiquement être plus importante", explique Eric Bourguignon, directeur général délégué France de Swiss Life Asset Managers.

"Si l'inflation montre des signes de tension, la réaction, notamment sur les taux longs, pourrait être plus importante."

HAUSSE DE TAUX EN VUE DÈS NOVEMBRE POUR LA BOE

L'évolution de l'inflation reste en effet la principale inconnue pour les grandes banques centrales, Janet Yellen ayant même employé mercredi le mot de "mystère".

Les chiffres attendus jeudi sur l'évolution des prix en Allemagne, et le lendemain pour la zone euro et les Etats-Unis avec l'indice PCE suivi de près par la Fed, fourniront peut-être de nouveaux éléments, mais les interrogations devraient persister pendant encore plusieurs mois.

"In fine, un environnement caractérisé par une désinflation à long terme et une politique monétaire agressive à court terme conduira à un aplatissement de la courbe des taux", prédit Paul Brain, responsable de la gestion obligataire de Newton, filiale de BNY Mellon IM.

La Banque centrale européenne (BCE), elle, peut trouver dans les annonces de la Fed, sinon un exemple de marche à suivre, du moins des motifs de satisfaction: en favorisant le rebond du dollar, donc la baisse de l'euro, Janet Yellen et ses collègues ont contribué à ôter une épine du pied de Mario Draghi, le président de la BCE.

"Lors de la réunion de septembre, M. Draghi a lourdement insisté sur la vigueur de l'euro", rappelle Eric Bourguignon. "Aujourd'hui, on peut penser que l'euro a atteint son point haut et que le pire est passé pour la BCE."

La monnaie unique européenne s'est en outre également repliée face à la livre sterling ces derniers jours avec le renforcement de la perspective d'une hausse de taux de la Banque d'Angleterre dès le 2 novembre.

RISQUES POLITIQUES EN ALLEMAGNE ET EN ESPAGNE

Si l'horizon des politiques monétaires semble donc se préciser, les marchés n'en restent pas moins exposés à des risques politiques et géopolitiques non négligeables.

Le dossier du nucléaire nord-coréen est évidemment le premier d'entre eux, entre vol de bombardiens américains au large de la Corée du Nord et menaces de Pyongyang de tester une nouvelle bombe H dans le Pacifique. et

Les investisseurs surveilleront aussi les résultats des élections allemandes de dimanche: si les marchés ont semblé indifférents à la campagne électorale, la victoire d'Angela Merkel semblant assurée depuis longtemps, la chancelière va devoir s'atteler à de difficiles tractations pour former une nouvelle coalition dans un Parlement où l'extrême droite est de retour.

L'issue des pourparlers à venir pourrait aussi avoir des conséquences sur deux dossiers boursiers "chauds": la constitution d'un nouveau géant du matériel ferroviaire susceptible de rapprocher Siemens et Alstom , et un hypothétique rachat de Commerzbank, dont l'Etat allemand reste actionnaire.

Mais le dossier le plus urgent pour la zone euro est celui de la Catalogne, le projet de référendum d'indépendance que veut organiser Barcelone le 1er octobre ayant créé ces derniers jours de vives tensions, avec à la clé perquisitions, saisies d'urnes et arrestations d'élus et fonctionnaires locaux. et

Illustrant l'inquiétude des marchés, le rendement des emprunts d'Etat espagnols à dix ans est fortement remonté ces dernier jours, creusant le "spread" avec les titres allemands.

"Les derniers événements renforcent le sentiment que l'Espagne se dirige vers une crise politique et constitutionnelle majeure, un scénario qui, au minimum, ne devrait pas favoriser les performances relatives des banques espagnoles à court terme", préviennent les analystes de KBW.

Au-delà, le dossier espagnol pourrait raviver les craintes touchant à la zone euro dans son ensemble.

"Au moment où on la pensait confortée, notamment après l'élection d'Emmanuel Macron en France, il y a un petit facteur de risque qui est en train de surgir sur la pérennité de la zone euro", note Eric Bourguignon, de Swiss Life Asset Managers. "C'est un risque à surveiller."

(Marc Angrand, édité par Blandine Hénault)

Valeurs citées dans l'article : Alstom, Commerzbank, Siemens