- Le marché français se stabilisera pendant les deux à trois ans qui viennent

- L'international offre 10 ans de croissance continue à Alten

- La pénétration de la R&D externalisée en France devrait encore augmenter

Le groupe d'ingénierie et de conseil en technologie Alten (>> ALTEN) entend poursuivre les acquisitions pour devenir moins dépendant du marché français, dont la faiblesse actuelle devrait se prolonger à moyen terme, a indiqué son directeur financier à Dow Jones Newswires.

"Notre conviction est que le marché français devrait se stabiliser pendant les deux à trois prochaines années", a affirmé Bruno Benoliel, le directeur général délégué chargé des finances du groupe, pendant un entretien. "Sans changement manifeste d'environnement et de contexte, la réticence des clients à investir devrait perdurer", a-t-il estimé.

10 années de croissance continue à l'international

Alten a multiplié les acquisitions ciblées depuis la fin 2013. Ces opérations ont permis au groupe d'accélérer son développement à l'international, où les marchés de la recherche et développement (R&D) externalisée sont moins pénétrés, plus fragmentés, et présentent donc un potentiel de croissance plus important qu'en France.

Sur les neuf premiers mois de l'année, le chiffre d'affaires d'Alten est ressorti en hausse de 12% à presque 1,02 milliard d'euros, grâce à un bond de 29,4% à l'international et à une hausse de 1,2% en France. A périmètre et changes constants, la croissance du groupe dans son ensemble a atteint 1,8%, une hausse de 7,8% à l'international ayant permis de compenser un repli de 1,9% en France.

Alten s'est fixé pour objectif de réaliser plus de la moitié de son activité à l'international à l'horizon 2016-2017, contre 44% sur les neuf premiers mois de l'année 2014. L'intégration des sociétés acquises pèse cependant dans un premier temps sur ses marges, parce qu'elles sont généralement moins rentables qu'Alten.

Le groupe concentre ses efforts sur l'Allemagne, les pays scandinaves, le Benelux et l'Italie. Il estime notamment que le marché allemand présente un potentiel une fois et demie supérieur à celui de la France.

"Le développement de la R&D externalisée dans ces pays nous offre au moins 10 années de croissance continue, même si notre marché n'est pas à l'abri des crises économiques", a jugé Bruno Benoliel. "Nous sommes convaincus qu'il y aura une progression de l'externalisation de la R&D dans le reste de l'Europe, et que ce marché se développera également, à terme, aux Etats-Unis", a-t-il ajouté.

Le marché français présente encore du potentiel

Pour le dirigeant, l'externalisation de la R&D présente de nombreux avantages pour les entreprises.

"Nos prestations et services permettent au client de gagner en flexibilité, mais également en productivité et en expertise", a-t-il souligné. "Nos ingénieurs sont jeunes, formés aux dernières technologies, et ils ont travaillé sur des projets variés à fort contenu technologique", a-t-il ajouté.

Bruno Benoliel estime en outre que les opportunités d'acquisitions sont d'autant moins susceptibles de manquer qu'à l'image de ce qui s'est passé en France, la réduction par les grandes sociétés du nombre de leurs fournisseurs les conduit à déréférencer certains de leurs prestataires.

"Depuis deux ans, des sociétés que nous avions rencontrées par le passé reprennent contact avec nous parce qu'elles se rendent compte que la réduction des panels obère leurs perspectives. Nous restons donc à l'écoute et sommes potentiellement acquéreurs si le prix correspond à notre évaluation de la société", a souligné le directeur financier.

Pour le responsable, le marché français devrait à terme se reprendre. Pas seulement parce que la croissance finira par repartir en France, mais également parce que les sociétés devraient y accroître la part de la R&D sous-traitée.

"Le taux d'externalisation de la R&D en France est de 30% environ. Mais cela masque de nettes différences entre les secteurs d'activité. Le taux d'externalisation est estimé entre 40% et 50% dans l'automobile et l'aéronautique, tandis qu'il serait plus proche de 20% dans le nucléaire et le secteur du pétrole et gaz", a expliqué Bruno Benoliel.

"Dès lors, le taux global d'externalisation pourrait continuer de progresser", en a-t-il conclu.

Offensive des champions français à l'international

Alten n'est pas le seul groupe français d'ingénierie et de conseil en technologie à avoir engagé une offensive à l'international. Les autres leaders du marché, notamment Altran (>> ALTRAN TECHNOLOGIES) et Akka Technologies (>> AKKA TECHNOLOGIES), ont également réalisé des acquisitions significatives outre-Rhin. Altran y a racheté IndustrieHansa, tandis qu'Akka y a repris MBTech.

Le développement de champions français a notamment été permis par la flexibilité qu'offre aux entreprises le recours à des prestataires extérieurs, dans un marché du travail souvent jugé plus rigide qu'ailleurs en Europe. Ce développement a également été permis par d'autres facteurs propres au marché français.

"La France a au moins deux atouts majeurs: la formation et la qualité de ses ingénieurs, de réputation mondiale, par exemple dans les domaines des moteurs, des systèmes embarqués et des matériaux composites, et le crédit d'impôt recherche, qui a permis le développement, la relocalisation et même l'implantation de centres de recherche en France", a en outre expliqué Bruno Benoliel.

Jeudi à 16h00, l'action Alten s'inscrivait en hausse de 0,1% à 35,14 euros.

-Ambroise Ecorcheville, Dow Jones Newswires; +33 (0)1 40 17 17 71; ambroise.ecorcheville@wsj.com

Valeurs citées dans l'article : ALTEN, ALTRAN TECHNOLOGIES, AKKA TECHNOLOGIES