Londres (awp/afp) - Le distributeur de jouets Toys 'R' Us et celui d'articles électroniques Maplin ont été placés mercredi sous administration judiciaire au Royaume-Uni, illustrant les difficultés du commerce physique et mettant en péril près de 5.500 emplois.

La mesure la plus sévère concerne la filiale britannique de Toys 'R' Us, placée en liquidation, qui pourrait perdre l'ensemble de ses 105 magasins et 3.200 salariés au Royaume-Uni.

"Nous allons procéder à une fermeture ordonnée du réseau de magasins dans les prochaines semaines", a déclaré dans un communiqué Simon Thomas, un responsable du cabinet Moorfields désigné comme administrateur pour mener la liquidation.

Il a néanmoins précisé que les magasins resteront ouverts "jusqu'à nouvel ordre", afin de procéder à l'écoulement des stocks, avec la mise en place de "promotions spécifiques".

Les difficultés financières de Toys 'R' Us au Royaume-Uni étaient connues: la filiale avait déjà fait l'objet d'un plan de restructuration difficilement adopté par les créanciers du groupe en décembre 2017. Ce plan prévoyait la suppression d'au moins 26 magasins déficitaires.

L'annonce du placement en redressement judiciaire de Maplin est, triste coïncidence, intervenue le même jour. L'entreprise sera administrée par trois membres du cabinet d'expertise comptable PricewaterhouseCoopers (PwC), qui ont également pour mission de trouver un repreneur.

"Je peux confirmer ce matin qu'il n'a pas été possible de procéder à la vente de l'entreprise, et par conséquent, nous n'avons pas d'autre choix que d'entamer une procédure de redressement judiciaire", a déclaré Graham Harris, le directeur général de Maplin.

Les 217 magasins Maplin à travers le pays, qui emploient plus de 2.300 personnes, resteront ouverts dans un premier temps. "Il n'y a pas de projet immédiat de fermeture de magasins ou de licenciements, bien que cela reste à l'étude", a précisé PwC.

Par ailleurs, la chaîne de restaurants italiens Prezzo devrait annoncer prochainement la fermeture d'une centaine d'établissements, soit un tiers de ses implantations au Royaume-Uni, ainsi que la liquidation de ses restaurants mexicains Chimichanga, ce qui devrait entraîner la suppression de centaines d'emplois, selon une source proche du dossier.

- Brexit et commerce en ligne -

Ces annonces successives témoignent de la difficulté des distributeurs spécialisés au Royaume-Uni, qui subissent une baisse de fréquentation dans leur magasins et une conjoncture macro-économique défavorable.

"L'évolution des comportements des consommateurs a entraîné une brusque augmentation de la concurrence en ligne et un changement fondamental de l'environnement commercial", souligne David Cheetham, analyste chez XTB, qui estime que Toy's 'R' Us et Maplin n'ont "pas su s'adapter à ces changements".

Connu pour ses supermarchés du jouets ouverts dans les années 1980 et 1990 à la périphérie des villes, Toys 'R' Us a manqué le virage numérique et subi de plein fouet la concurrence des enseignes ayant misé sur le commerce en ligne.

Selon les chiffres de GlobalData, les parts de marché britannique du spécialiste du jouet ont diminué de près de moitié entre 2008 et 2017, tandis qu'Amazon et l'enseigne Smyths, présente en magasins et en ligne, connaissaient une croissance solide dans le même temps.

"L'incapacité de Toys 'R' Us à réagir (...) contraste fortement avec l'attitude plus créative" de ses concurrents, juge Patrick O'Brien, directeur des études chez GlobalData.

Récemment, le groupe avait implanté des magasins plus petits et plus centraux qui avaient enregistré de meilleurs résultats.

Le distributeur spécialisé Maplin, implanté au Royaume-Uni depuis plus de 40 ans et propriété du fonds d'investissement Rutland Partners, a lui développé une stratégie commerciale différente, avec de petits magasins implantés dans les centres-villes, et une interface web dynamique proposée à ses clients.

Le directeur général a mis en avant d'autres facteurs pour expliquer les difficultés de son entreprise, notamment "la dévaluation de la livre après le vote du Brexit", qui a renchéri le prix de ses importations.

Maplin a également été affecté par une contraction de la demande, observée en même temps que l'accélération de l'inflation au Royaume-Uni en 2017, et la baisse du pouvoir d'achat des Britanniques.

Graham Harris se voulait néanmoins confiant dans la possibilité de redresser le groupe. "Nous croyons passionnément que Maplin a toute sa place dans nos centres-villes", a-t-il affirmé, promettant de "travailler sans relâche" pour sauver l'enseigne.

afp/al