Ces mises en garde ont fait passer au second plan l'annonce d'une hausse de 12% du bénéfice annuel par le groupe postal britannique, dont la privatisation reste au centre d'une polémique politique.

Vers 10h40 GMT, le titre Royal Mail plonge ainsi de 7,39% à 533 pence, accusant la deuxième plus forte baisse de l'indice Stoxx 600.

Les perspectives de croissance de Royal Mail sont diversement appréciées par les investisseurs, certains mettant en doute la capacité du groupe d'assumer en même temps la diminution du courrier, la hausse de l'activité colis et la nécessité de réduire encore les coûts.

Le groupe a précisé que son résultat opérationnel avant coûts de transformation s'était établi à 671 millions de livres (829 millions d'euros) sur les 12 mois au 30 mars. Ce montant est conforme à un consensus établi par l'entreprise elle-même.

Le chiffre d'affaires du Royal Mail a augmenté de 2% sur la période, à 9,46 milliards de livres, la hausse de 7% de l'activité colis compensant le recul de 2% de l'activité courrier.

Notant que les résultats 2013-2014 étaient conformes aux objectifs de l'entreprise, Moya Greene, directrice générale de Royal Mail, a confirmé ceux fixés pour 2014-2015: croissance du chiffre d'affaires à un chiffre, amélioration de la marge et hausse de la génération de trésorerie.

Elle a ajouté que Royal Mail était parfaitement capable de réagir à l'assombrissement des perspectives mis en avant par le groupe.

"Dans le domaines des colis, l'environnement est beaucoup plus concurrentiel qu'il y a un an. Du côté du courrier, le vent debout vient de l'acheminement des lettres", a déclaré Moya Greene, faisant référence à la volonté affichée par le néerlandais PostNL de mettre sur pied un service courrier couvrant l'ensemble de la Grande-Bretagne.

ROYAL MAIL EN APPELLE AU RÉGULATEUR

TNT Post UK, qui trie et livre déjà du courrier à Manchester et dans certains quartiers de Londres, a l'intention de mettre sur place un service couvrant tout le territoire britannique en 2017.

Mais l'habitude du groupe postal néerlandais de se concentrer sur les zones les plus rentables du pays donne des sueurs froides aux dirigeants de Royal Mail, qui risque de se retrouver, vu ses obligations de service universel, avec les zones les moins rentables.

Après 500 ans d'existence, Royal Mail est ainsi, pour la première fois de son histoire, confronté à un concurrent dans le courrier dans un contexte de baisse de volumes des lettres envoyées en raison du recours massif aux échanges électroniques.

Le groupe souligne qu'il deviendra de plus en plus difficile de continuer à la fois de couvrir l'intégralité du territoire, avec un service six jours sur sept et de faire progresser sa marge opérationnelle à un niveau compris entre 5% et 10%.

Royal a demandé à l'Ofcom, le régulateur britannique du secteur des télécommunications, d'avancer la publication d'un audit sur le segment du courrier, normalement prévu pour la fin de 2015.

Sans intervention du régulateur, Royal Mail estime à plus de 200 millions de livres par an le manque à gagner à partir de 2017-2018 du fait de la concurrence de TNT Post UK.

En janvier, afin de contrer les ambitions de ce dernier, Royal Mail avait relevé les prix de gros. Mais, il y a un mois, l'Ofcom a suspendu cette hausse après une plainte de TNT Post UK.

Dans les colis, qui représentent 51% du chiffre d'affaires de Royal Mail, le groupe doit notamment faire face à la concurrence des géants du commerce électronique, tels qu'Amazon..

Les conditions de la vente en octobre dernier d'une participation de 60% de l'Etat suivie de l'introduction en Bourse de Royal Mail ont déclenché une tempête politique en Grande-Bretagne, où le gouvernement a été accusé d'avoir bradé l'entreprise.

Fin mars, Royal Mail a annoncé la suppression de quelque 1.300 postes, l'opérateur postal britannique voulant par ce biais économiser 50 millions de livres (60 millions d'euros) par an.

Le groupe, dont les boîtes aux lettres rouges sont un symbole du Royaume-Uni, a déjà supprimé 50.000 postes au cours des 11 dernières années.

(Benoît Van Overstraeten pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)

par Neil Maidment

Valeurs citées dans l'article : POSTNL, Amazon.com, Inc., Royal Mail PLC