New York (awp/afp) - L'émetteur de cartes bancaires American Express (AmEx) a pour la première fois depuis 2014 annoncé mercredi une croissance de son chiffre d'affaires grâce à une hausse des dépenses de ses clients et de ses commissions.

Les revenus ont progressé de 1,73% à 8,1 milliards, soit davantage que les 7,99 milliards escomptés en moyenne par les marchés.

Hors effets de change, la progression est de 4%, reflétant, selon AmEx, une hausse de 6% des dépenses de la part des détenteurs de ses cartes et des commissions qu'il perçoit.

Les revenus du groupe dépendent en effet du montant des dépenses effectuées par les titulaires de ses cartes, d'où le fait qu'il cible le plus souvent des catégories socio-professionnelles supérieures.

AmEx perçoit environ une commission de 2,5% pour chaque achat effectué par le consommateur, alors que ses concurrents se reposent sur le volume des transactions à l'instar de Visa.

Ce modèle unique lui permet de damer le pion à ses rivaux puisque la transaction moyenne est de 150 dollars avec une carte AmEx contre 50 dollars à Visa, qui le domine pourtant de loin en terme de volumes (60 milliards de transactions par an en moyenne contre 6 milliards).

Le bénéfice net a certes reculé de 6,5% à 1,43 milliard de dollars mais rapporté par action et hors éléments exceptionnels, référence en Amérique du nord, il est de 1,45 dollar contre 1,35 dollar espéré en moyenne par les analystes.

- L'action bondit -

A Wall Street, le titre prenait 4,28% à 67,80 dollars vers 21H35 GMT dans les échanges électroniques suivant la clôture de la séance.

"C'est un pas dans la bonne direction", a estimé Chris Donat chez Sandler O'Neill, ajoutant que ces résultats "donnent le temps" à AmEx pour relancer sa croissance.

Le groupe de services financiers a perdu récemment de juteux contrats commerciaux le liant à la compagnie aérienne JetBlue et au fonds Fidelity.

La plus grosse perte est cependant le partenariat qui le liait au géant de la distribution Costco qui représentait une carte AmEx sur dix en circulation aux Etats-Unis.

Des pressions sur les frais imposés aux commerçants, l'évolution de l'environnement règlementaire et une concurrence intense des acteurs traditionnels (Visa, MasterCard et Discovery) et des nouveaux venus (Square) commençaient à peser également sur l'activité, selon les analystes.

AmEx a ainsi surpris les marchés en annonçant mercredi avoir réussi à attirer 3 millions de nouveaux clients.

"Nous continuons à faire des progrès en étendant notre réseau de commerçants aussi bien aux Etats-Unis qu'à l'international", a expliqué le PDG Kenneth Chenault.

Les coûts ont certes explosé mais moins que redouté: +5% contre +6% attendus par les marchés. AmEx est actuellement en train de muscler ses opérations marketing et promotionnelles pour élargir sa clientèle dans un paysage de services de paiements bousculé par le mobile.

A terme, le groupe américain mise sur une réduction de la voilure qui passe par des économies d'un milliard de dollars d'ici 2017. Aucun détail n'a encore filtré, notamment si ce plan d'économies va comprendre des suppressions d'emplois.

En attendant, AmEx, dont le premier actionnaire est le milliardaire Warren Buffett, essaie d'envoyer des gestes rassurants en réaffirmant ses objectifs financiers.

Il vise un bénéfice ajusté par action 2016 compris dans une fourchette de 5,40 à 5,70 dollars. Pour 2017, le bénéfice par action sera d'au moins 5,60 dollars.

Le directeur financier Jeffrey a toutefois laissé entendre, lors de la conférence téléphonique de présentation des résultats aux analystes, que ces prévisions pourraient être ajustées.

afp/al