Christine Lejoux,

Agefi-Dow Jones

PARIS (Agefi-Dow Jones)--La réforme de la fiscalité aux Etats-Unis sera bel et bien positive pour les résultats des sociétés américaines dès 2018, contrairement à ce que leurs comptes du quatrième trimestre 2017 pourraient laisser supposer. Depuis le début de la saison des résultats trimestriels à Wall Street, le 12 janvier, nombre d'entreprises ont fait état de lourdes charges liées à la réforme fiscale entrée en vigueur le 1er janvier 2018. Au point que leurs comptes ont parfois basculé dans le rouge, comme chez American Express (>> American Express Company), IBM ou encore Goldman Sachs (>> Goldman Sachs Group).

Si le secteur bancaire en particulier a payé un lourd tribut à la réforme fiscale dans ses comptes du dernier trimestre 2017, c'est parce que les banques disposent dans leurs bilans d'importants actifs d'impôts différés hérités de la crise financière de 2008. Les pertes accusées par l'industrie bancaire à l'époque permettent de réduire le montant de futures factures fiscales. Mais la récente réforme ayant ramené le taux de l'impôt sur les sociétés (IS) de 35% à 21%, les banques ont été contraintes de déprécier la valeur de leurs actifs d'impôts différés. D'où les charges exceptionnelles enregistrées sur les trois derniers mois de l'année 2017.

Dans d'autres secteurs, comme la technologie, la réforme du code des impôts a amené certains groupes à passer des provisions en raison de la suppression de niches fiscales ou de l'imposition des bénéfices dégagés à l'étranger et rapatriés aux Etats-Unis.

Les profits du S&P 500 pourraient croître de plus de 20% en 2018

Mais, "passées ces considérations de court terme, l'impact de cette réforme sur les résultats (des entreprises) s'annonce bien plus favorable sur l'année 2018, comme en attestent les multiples révisions à la hausse (des prévisions de bénéfices) ces dernières semaines", souligne dans une note François Jubin, président de la société de gestion Wise AM.

Entre le 20 décembre, date de l'adoption du projet de réforme fiscale par le Congrès, et le 11 janvier, les analystes ont rehaussé de 2,2%, à 150,1 dollars, leur prévision du bénéfice par action médian pour les sociétés de l'indice S&P 500 en 2018, selon FactSet. Jamais le fournisseur de données financières n'avait observé de révision à la hausse d'une telle ampleur sur cette période depuis qu'il a commencé à compiler ce type d'informations en 1996.

"Avant la promulgation de la réforme fiscale, le marché tablait sur une progression de 10% des bénéfices des sociétés du S&P 500 en 2018. La réforme pourrait déboucher sur une croissance des bénéfices plus de deux fois supérieure à cette prévision", estime de son côté la société de gestion Pictet Wealth Management.

La réforme de la fiscalité, avec le net allègement du taux de l'impôt sur les sociétés et la moindre imposition des bénéfices dégagés à l'étranger, est définitivement une bonne nouvelle pour les résultats des entreprises américaines. Et donc pour leur valorisation boursière, qui, à 18 fois en moyenne les profits attendus au cours des 12 prochains mois, est vulnérable à la moindre déception.

-Christine Lejoux, Agefi-Dow Jones ; 33 (0)1 41 27 48 14 ; clejoux@agefi.fr ed : VLV

Valeurs citées dans l'article : American Express Company, Goldman Sachs Group