NEW YORK, 12 juin (Reuters) - Une version du "Jules César" de Shakespeare montée à New York et dans laquelle l'empereur romain a les traits de Donald Trump est à l'origine d'une controverse qui prend de l'ampleur aux Etats-Unis.

La pièce produite par le Public Theater a été pointée du doigt ce week-end par le fils du président américain, Donald Jr., qui s'est demandé dans un tweet s'il s'agissait d'art ou de politique. Dans la foulée, la compagnie aérienne Delta Air Lines et la Bank of America ont annoncé dimanche qu'ils retiraient leur soutien financier au projet.

La direction de Delta Air Lines a expliqué que la mise en scène, et donc l'assassinat de ce Jules César aux allures de Donald Trump, dépassaient "les limites du bon goût". Bank of America juge pour sa part que cette adaptation est une provocation et une insulte. "Si nous avions eu connaissance des intentions (de la mise en scène), nous aurions décidé de ne pas la sponsoriser", précise la banque dans un communiqué.

En réaction, plusieurs acteurs et personnalités du monde des arts ont menacé lundi de boycotter ces deux entreprises.

Le dramaturge Beau Willimon, créateur de la série "House of Cards", la romancière Joyce Carol Oates ou bien encore l'acteur Ron Perlman, qui incarne "Hellboy" à l'écran, en ont appelé à leurs abonnés sur Twitter.

Dans un communiqué publié lundi, la direction du Public Theater a pour sa part renouvelé son soutien à cette mise en scène, ajoutant que le débat passionné qu'elle provoque est précisément "l'objectif de notre théâtre civiquement engagé".

"Notre production de Jules César ne prône absolument pas la violence à l'encontre de qui que ce soit. La pièce de Shakespeare, et notre production, font valoir l'opposé: ceux qui tentent de défendre la démocratie par des moyens antidémocratiques paient un prix terrible et détruisent ce qu'ils tentent précisément de sauver", écrit la direction du théâtre.

Le metteur en scène Oskar Eustis explique lui que "Jules César dit combien la démocratie est fragile". "Les institutions avec lesquelles nous avons grandi, que nous avons héritées des luttes des générations qui nous ont précédés peuvent être balayées en un rien de temps", ajoute-t-il.

La pièce est inscrite au programme du festival "Shakespeare in the Park" qui se déroule à Central Park, à Manhattan. (Gina Cherelus et Laila Kearney; Henri-Pierre André pour le service français)