Mariage de géants dans la bière. Après quatre tentatives infructueuses, le premier brasseur mondial ABInBev est parvenu à convaincre le britannique SABMiller de tomber sous sa coupe. Pour s'emparer de son rival, le groupe belge a relevé son offre à 4 400 pence par titre. Ce prix représente une prime de 50% sur le cours de clôture de SABMiller du 14 septembre. L'offre de 68 milliards de livres (104 milliards de dollars) propose par ailleurs une alternative partiellement en titres, plus alléchante fiscalement pour les deux principaux actionnaires de SABMiller, Altria et BevCo.

Le cigarettier Altria et la holding BevCo de la famille colombienne Santo Domingo détiennent 40,5% du capital du brasseur britannique.

ABInBev a accepté de verser à SABMiller une indemnité de rupture de trois milliards de dollars si la transaction échouait pour des raisons réglementaires ou si ses propres actionnaires la rejetaient.

ABInBev a déjà tenté quatre offres informelles, toutes rejetées par les membres du conseil d'administration de sa cible à l'exception d'Altria, premier actionnaire avec 27% du capital. Hier encore, le belge proposait une quatrième offre à 4 350 pence par titre.

Si l'opération se concrétisait, elle figurerait parmi les cinq plus grandes fusions mondiales et représenterait la plus grosse OPA jamais lancée sur une société britannique.

Surtout, ABInBev créerait avec SABMiller un petit "OPEP" de la bière. La nouvelle entité produirait en effet 60 milliards de litres de bière par an, soit plus du tiers de toute la bière consommée dans le monde.

Au-delà de l'effet de taille, le brasseur de la Budweiser mettrait la main sur un très beau portefeuille de 200 marques locales, outre les grands noms que sont Miller, Foster et Peroni tout en renforçant son exposition aux florissants marchés du Moyen-Orient et de l'Afrique.

Cette fusion constituerait enfin une petite révolution pour SABMiller qui n'est pas connu pour sa gestion au cordeau, contrairement à ABInBev. Le premier brasseur mondial a multiplié les plans d'austérité à mesure de ses acquisitions. Le DG du groupe, Carlos Brito, rappelle d'ailleurs régulièrement que "ses salariés ne viennent pas au travail pour s'amuser".

Symbole emblématique de ce choc des cultures : le siège de SabMiller est situé en plein coeur de Londres, à quelques encablures du restaurant Nobu et du luxueux hôtel Dorchester. A contrario, le bureau britannique d'ABInBev est en face de l'aéroport de Luton, le fief d'easyJet...



Valeurs citées dans l'article : ANHEUSER-BUSCH INBEV, SABMiller plc