Londres (awp/afp) - Le conseil d'administration de SABMiller a annoncé vendredi avoir accepté l'offre finale d'achat déposée à son égard par le numéro un mondial de la bière AB InBev, après plusieurs jours de flottement autour de cette fusion géante.

"Le conseil d'administration de SABMiller prévoit de recommander à l'unanimité" aux actionnaires du groupe de voter en faveur de cette nouvelle offre, qui le valorise autour de 79 milliards de livres (103 milliards de dollars).

Le groupe belgo-brésilien AB InBev a salué cette décision et déclaré se concentrer désormais sur les dernières étapes à franchir pour boucler "dès que possible" l'opération d'achat de SABMiller, deuxième brasseur mondial dont le siège est à Londres.

Après s'être mis d'accord sur une offre d'AB InBev à 44 livres par action, les deux groupes avaient entamé de nouvelles discussions suite à la décision britannique de quitter l'UE qui a fait chuter la livre. AB InBev a depuis légèrement rehaussé son offre, à 45 livres par action.

Plusieurs actionnaires de SABMiller avaient manifesté leur mécontentement face à la perspective d'une opération financière désormais nettement moins intéressante que prévu, au vu du bouleversement sur le marché des changes.

Depuis le premier accord à l'automne dernier en effet, "de nombreux facteurs ont affecté la valeur de l'offre, notamment l'impact sur la livre sterling du vote en faveur du Brexit", a reconnu le président du conseil d'administration de SABMiller, Jan du Plessis, cité dans un communiqué.

"Ceci a rendu la décision du conseil d'administration (d'accepter l'offre, ndlr) plus difficile, et nous pensons que l'offre finale de 45 livres par action est dans le bas de la fourchette de ce que nous considérons comme acceptable", a-t-il souligné.

Cela signifie en clair que, même si la direction de SABMiller juge qu'AB InBev aurait pu mettre davantage, elle va néanmoins recommander à ses actionnaires de l'accepter et qu'elle maintient le projet, déjà en cours, de son absorption.

A la valeur de la livre de l'époque, l'offre de novembre représentait en effet pas moins de 121 milliards de dollars, contre autour de 103 désormais. Signe des flottements de ces derniers jours, des médias avaient affirmé que SABMiller avait même cessé le travail préliminaire d'intégration avec son acquéreur.

- Concessions aux autorités de la concurrence -

La naissance d'un mastodonte de la bière reste donc néanmoins bel et bien sur les rails: il s'agit de l'une des plus importantes fusions jamais enregistrées tous secteurs confondu, qui vise à ouvrir à AB InBev les portes du prometteur marché africain, où SABMiller est très bien implanté, notamment en Afrique du Sud, son berceau.

Au niveau mondial, l'entité issue de la concentration vendra deux fois plus de bière et réalisera des bénéfices quatre fois plus élevés que le néerlandais Heineken, le numéro trois.

Parmi les marques d'AB InBev, figurent Corona, Stella Artois et Budweiser, tandis que SABMiller tenait dans son giron la tchèque Pilsner Urquell ou encore l'italienne Peroni.

Un grand nombre d'autorités de la concurrence ont déjà donné leur feu vert à cette union: en Amérique du nord (Etats-Unis, Canada) et dans de nombreux pays d'Amérique du sud, en Australie, Inde et Corée du Sud, dans l'UE et plusieurs pays africains (dont l'Afrique du Sud), et même en Chine pas plus tard que ce vendredi.

Dans nombre de ces régions toutefois, AB InBev a fait des concessions pour obtenir l'accord.

La nouvelle entité doit céder ainsi tous les actifs et intérêts de SABMiller aux Etats-Unis, dont la participation dans MillerCoors tandis que le feu vert des autorités de la concurrence de l'UE est subordonné à la vente de la quasi-totalité des activités brassicoles de SABMiller en Europe.

AB InBev a déjà cédé, dans ce but, les marques Peroni et néerlandaise Grolsch de SABMiller au brasseur japonais Asahi. Il a aussi dit vouloir se défaire d'actifs de SABMiller en Europe centrale et orientale.

Pour obtenir l'aval chinois, AB InBev a accepté en outre de vendre la participation de 49% de SABMiller dans Snow Breweries - le plus important producteur de bière en Chine.

afp/rp