Dans l’univers des métaux, Aperam fait depuis 2015 figure d’élève appliqué. Un succès qui n’était pas garanti lors de sa scission opérée par ArcelorMittal en 2011. Le spécialiste de l’acier inoxydable présent en Europe et au Brésil a confirmé, hier soir, la solidité de son modèle économique en dévoilant des performances financières de bonne facture sur le premier trimestre de l’année 2018, dont certains indicateurs sont même en progression en dépit de la traditionnelle saisonnalité défavorable qui frappe le Brésil. Les expéditions d’acier, par exemple, ont atteint 517 milliers de tonnes, plus que sur le dernier trimestre 2017 et plus que sur la même période de l’année précédente. Le chiffre d’affaires progresse ainsi malgré un prix à la tonne plus faible que celui du premier trimestre 2017. En dépit d’une moindre génération de liquidités liée au phasage de l’exercice, le bilan reste solide avec une situation de trésorerie nette légèrement positive.

Des économies plus importantes que prévu

A la Bourse de Paris, l’accueil est très positif, avec un titre qui occupe la tête du palmarès SBF120 depuis l’ouverture, sur un gain de 2,5% au-dessus des 42 euros. Il évolue cependant toujours assez loin de ses pics du mois de février 2017. « Aperam est modérément positif sur le second trimestre 2018, en guidant sur une légère hausse séquentielle de son Ebitda malgré la pression sur les prix qui perdure en Europe », explique Stijn Demeester, qui suit le dossier pour ING Groep depuis Bruxelles. Cependant, note l’analyste, les résultats du premier trimestre ont dépassé les attentes et le management a relevé de 20% ses objectifs d’économies de coûts 2020 (en visant 150 millions d’euros en année pleine). Il recommande à ses clients de conserver leurs positions, une opinion qui peut paraître un peu tiède au regard d’un objectif de 50 euros.

Un objectif partagé avec Seth Rosenfeld, chez Jefferies, mais qui lui est acheteur. « Même si le marché a été balayé par la volatilité des matières premières et la croissance de l’offre asiatique, Aperam continue à faire front avec une performance robuste et une croissance graduelle des résultats », écrit-il, avant de reconnaître que les prix sont sous pression, mais que la société fait les efforts nécessaires pour y pallier. Elle devrait en outre bénéficier du levier de la reprise brésilienne. Chez AlphaValue, Fabrice Farigoule est toujours à « accumuler » après les chiffres, avec un objectif à 48,70 euros. La publication ne contient pas vraiment de surprises, pour l’analyste, hormis l’ajustement du programme d’économies. Les grandes tendances étaient connues depuis la publication du rival Acerinox. Le spécialiste ne prévoit pas de faire beaucoup varier ses attentes.

L'acquisition de VDM n'ampute pas la solidité financière

Le ton du CEO, Timoteo Di Maulo, était tout à fait rassurant lors de la conférence de présentation des comptes, tenue hier soir avec les analystes. Il a notamment insisté sur la capacité de son groupe à s’adapter à des conditions prix plus compliquées et sur l’opportunité que représente l’acquisition de VDM, dont il attend notamment une contribution à la réduction de la cyclicité prix, par le développement de produits mieux margés et plus évolués. « C’est une transaction parfaite car elle est faite au bon moment », a insisté Di Maulo, avant d’ajouter que la capacité financière de son groupe reste intacte, notamment pour verser entre 50 et 100% du bénéfice net aux actionnaires.