SHENZHEN (awp/afp) - L'équipementier télécoms chinois Huawei a vu son bénéfice net s'envoler de 28% en 2017, en dépit d'un ralentissement du chiffre d'affaires, à l'heure où il entend bousculer Samsung et Apple sur le marché européen du smartphone tout en accélérant le développement de ses technologies 5G.

Troisième fabricant mondial de smartphones derrière le sud-coréen Samsung et l'américain Apple, Huawei a vu son profit net grimper à 47,5 milliards de yuans (6,14 milliards d'euros) l'an dernier, a-t-il annoncé vendredi. Un très net rebond après la quasi-stagnation enregistrée en 2016.

En revanche, le géant des télécoms a vu son chiffre d'affaires s'essouffler, avec une progression divisée par deux l'an dernier (+15,7%), à 604 milliards de yuans (78 milliards d'euros).

Et ce en dépit de la robustesse des ventes de smartphones, avec une hausse de 32% des revenus de sa branche "biens de consommation", qui constitue 40% de son chiffre d'affaires, et 153 millions de téléphones écoulés (+10% sur un an).

Mais ses marges se réduisent face à un marché très concurrentiel: en Chine, de loin son principal marché, Huawei est revenu en tête, avec 20,4% de parts de marché, mais il reste talonné par les nouveaux venus locaux, Oppo, Vivo, et Xiaomi, selon le cabinet IDC.

Le groupe de Shenzhen a par ailleurs présenté mardi à Paris son nouveau modèle axé sur l'intelligence artificielle embarquée, le P20, avec l'ambition de jouer les challengers en Europe, où Apple et Samsung mènent largement la course.

A l'inverse, la branche d'équipements télécoms, qui constitue la moitié du chiffre d'affaires, n'a vu ses revenus croître que de 2,5%: "Une performance déjà peu aisée à atteindre", a tempéré vendredi Ken Hu, directeur général de Huawei. Le chinois est numéro deux mondial des équipements de télécommunications derrière Ericsson.

M. Hu s'est ainsi dit "désolé" que Huawei ne puisse prospérer aux Etats-Unis, marché crucial où il essuye des revers commerciaux sur fond d'inquiétudes des autorités américaines quant à l'éventuelle utilisation à des fins d'espionnage des réseaux et smartphones du groupe, dont le fondateur est un ex-officier militaire chinois.

"Ces difficultés aux Etats-Unis nous obligent à travailler plus dur pour chercher la croissance ailleurs et trouver davantage d'entreprises partenaires" dans les télécoms, a commenté Ken Hu, s'exprimant devant quelques journalistes.

Tout en pointant la poursuite des investissements colossaux de Huawei dans la recherche et développement: quelque 11,6 milliards d'euros l'an dernier, soit 15% des revenus du groupe. "Sur les dix prochaines années, Huawei continuera d'y investir plus de 10 milliards de dollars par an", a-t-il assuré.

Huawei dit miser particulièrement sur les objects connectés, l'intelligence artificielle, et l'informatique en nuage ("cloud") --où sa part de marché reste confidentielle--, mais surtout les réseaux mobiles de 5e génération (5G), dont les premières commercialisations sont prévues cette année avant le lancement en 2019 d'un smartphone compatible.

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