Christine Lejoux,

Agefi-Dow Jones

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Les valeurs les plus en vue de Wall Street depuis le début de l'année commencent à connaître des accès de faiblesse. Le 4 décembre, le Nasdaq Composite a clôturé sur une chute de 1,05%, alors que le Dow Jones Industrial Average (DJIA), le principal indice de la Bourse de New York, a fini sur un gain de 0,24%. Le même scénario s'était produit quelques jours plus tôt, le 29 novembre, lorsque l'indice à dominante technologique avait fléchi de 1,27%, à l'opposé d'un DJIA en progression de 0,44%. Ce mardi encore, le Nasdaq a cédé 0,19%, mais dans un marché cette fois globalement baissier.

S'agit-il d'une amorce de correction sur les valeurs technologiques, le Nasdaq ayant bondi de près de 26% depuis le 1(er) janvier, une performance encore meilleure que celles du DJIA (+22%) et de l'indice élargi S&P 500(+17,5%)? Les "FAANG" (Facebook (>> Facebook), Amazon (>> Amazon.com), Apple (>> Apple), Netflix (>> Netflix) et Alphabet (>> Alphabet)), ces poids lourds de l'industrie technologique, affichent même des envolées comprises entre 27,69% et 51% depuis le 1(er) janvier. Sa hausse conduit le Nasdaq à se payer 22,48 fois les bénéfices estimés pour l'année 2018, contre un multiple -- déjà élevé -- de 18,16 pour le S&P 500, selon le fournisseur de données financières FactSet.

Des craintes de bulle "exagérées"

"La performance réalisée par le secteur technologique américain cette année n'est pas si inhabituelle. En 2017, ce secteur a surperformé de 20% par rapport à la médiane de tous les secteurs du S&P 500. Or, chaque année depuis 1990, le secteur qui progresse le plus (à Wall Street) affiche en moyenne une surperformance de 22,8% par rapport au secteur médian", observe Deutsche Asset Management. La société de gestion d'actifs juge donc "exagérées" les craintes d'une nouvelle bulle sur le secteur technologique.

Les craintes d'une survalorisation du secteur semblent d'autant plus vaines que nombre de ces entreprises sont bénéficiaires, ce qui était loin d'être le cas de bien des sociétés technologiques à la fin des années 1990, à la veille de l'éclatement de la bulle internet. Des 11 secteurs d'activité répertoriés dans le S&P 500, les technologies de l'information devraient afficher la troisième plus forte croissance des bénéfices au quatrième trimestre 2017, derrière les industries de l'énergie et des matériaux de construction, d'après le consensus d'estimations réalisé par FactSet, avec un bond estimé à 14,8%.

Des prises de bénéfices pour "habiller" les portefeuilles

"Après la publication de résultats du troisième trimestre robustes" et compte tenu de la surperformance boursière du secteur technologique depuis janvier, "un début de prises de bénéfices fait sens", estiment les analystes de Zacks Investment Research.

"Il ne faut pas non plus oublier que l'industrie technologique demeure considérée par les investisseurs comme un secteur volatil", ajoutent-ils.

Lorsque surviennent des facteurs de risques, à l'image du récent regain de tension géopolitique entre Washington et la Corée du Nord, les opérateurs de marché se replient sur des titres considérés comme des valeurs refuge, au détriment des sociétés de croissance dont les entreprises technologiques constituent l'archétype.

A cela s'ajoutent les traditionnels habillages de portefeuilles de fin d'année, qui conduisent les gérants à prendre une partie de leurs profits sur les valeurs ayant le plus monté au cours des derniers mois, afin de présenter des performances flatteuses à leurs clients. Les "technos" sont tout indiquées pour ces opérations de "window dressing."

-Christine Lejoux, Agefi-Dow Jones; 33 (0)1 41 27 48 14;clejoux@agefi.fred:ECH

Valeurs citées dans l'article : Apple, Netflix, Alphabet, Facebook, Amazon.com